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  • Œuvres complètes. Critique théâtrale, vii: Juillet 1847–1848 by Théophile Gautier
  • Anne Geisler-Szmulewicz
Théophile Gautier, Œuvres complètes. Critique théâtrale, vii: Juillet 1847–1848. Texte établi, présenté et annoté par Patrick Berthier. Paris: Honoré Champion, 2016. 898pp.

Avec ce tome vii la Critique théâtrale de Théophile Gautier, Patrick Berthier poursuit l’entreprise ambitieuse de publier la totalité des feuilletons que le critique a consacrés aux œuvres scéniques de son temps (théâtre, danse, pantomime, opéras, courses à l’hippodrome, spectacles forains, séances de magnétisme . . .) et qui sont restés à peu près inédits, Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt-cinq ans (Paris: Hetzel, 1858–59), [End Page 426] accessible sur Gallica, ne donnant à lire qu’une version partielle et erronée de quelquesuns de ces textes. Le présent volume, brièvement introduit par Berthier, comprend les soixante-huit feuilletons de critique théâtrale qui paraissent entre juillet 1847 et décembre 1848. Gautier n’adopte pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’attitude fermée aux révolutions qu’il affichera dans le poème-préface d’Émaux et Camées. Dès le mois de mars 1848 et pendant plusieurs mois, il se montre attentif à l’impact des événements qui agitent la vie politique sur la vie culturelle: gestion des lieux de spectacles, modification de leurs noms, baisse de fréquentation, changement de répertoire, ou encore suspension provisoire de La Presse (du 25 juin au 14 août). Il se présente inquiet et curieux, appelant de ses vœux la nouveauté qui permettrait de rompre avec la routine, tout en proclamant la nécessité de maintenir un haut degré d’exigence. La faible qualité d’un certain nombre de spectacles est pour lui l’occasion de parler d’autre chose — et en ce sens, ces feuilletons constituent une mine pour comprendre la façon de penser de Gautier à cette date: il s’interroge ainsi sur le rapport de l’art au politique, le luxe, l’individualisme, la propriété, le progrès, la place de l’argent dans le roman moderne ou la fascination exercée par le fantastique. Ces feuilletons lui permettent aussi de continuer à affirmer ses goûts et ses valeurs: battant en brèche la hiérarchie des genres, il accueille très favorablement des spectacles purement visuels comme le théâtre forain, le cirque olympique, les courses de chevaux et la pantomime, il proclame une fois de plus son amour pour Shakespeare, son goût pour les changements à vue, et son admiration pour le Musset du ‘théâtre dans un fauteuil’. L’ouvrage est annoté de manière remarquable, précise et rigoureuse. Les notes apportent un arrière-plan indispensable pour comprendre le contexte économique et culturel dans lequel travaille Gautier, les références aux auteurs, compositeurs, acteurs sont explicitées sans surcharge inutile. L’auteur s’adresse de manière pédagogique au lecteur, pour lequel il n’hésite pas à insérer des concordances avec son temps, qui lui permettent de comprendre très concrètement l’importance de tel ou tel détail. Les renvois entre différents feuilletons permettent aussi de montrer la continuité de la pensée de Gautier, accusé trop souvent de contradictions. Le volume est accompagné d’annexes abondantes, contenant sept répertoires différents, auxquels s’ajoute une bibliographie sélective. Grâce à tous ces outils et à ces annotations, le lecteur dispose d’un ouvrage de première importance pour lire la critique que Gautier consacre aux œuvres scéniques en 1847 et 1848 mais aussi plus largement, pour comprendre la vie culturelle de cette période.

Anne Geisler-Szmulewicz
Université Évry-Val d’Essonne
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