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  • Le crédit à la consommation en France 1947-1965. De la stigmatisation à la réglementationby Sabine Effosse
  • Laure Lacan
Sabine EFFOSSE.– Le crédit à la consommation en France 1947-1965. De la stigmatisation à la réglementation, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2014, 318 pages. « Histoire économique et financière de la France. Série Études générales ». Préface de Patrick Fridenson.

Quels furent les moteurs du développement du crédit à la consommation aprèsguerre en France ? Existait-il réellement une demande des ménages dans les années 1950 ? À ces interrogations, Sabine Effosse répond en proposant une histoire du crédit à la consommation qui se nourrit de recherches menées en sociologie ou en droit sur le crédit et le surendettement, concluant son ouvrage par des pistes de réflexion sur les liens entre la période étudiée (1947-1965), qu'elle qualifie de « préhistoire » du crédit à la consommation (p. 268), et des questions toujours d'actualité. Elle prend pour objet le développement du marché du « crédit dans sa forme moderne » (p. 8) qui suppose l'existence d'un établissement financier fonctionnant en tiers entre le vendeur et l'acheteur, une durée de remboursement réglementée et un usage de l'emprunt pour financer des biens durables ou semi-durables. L'ouvrage apporte un éclairage essentiel sur la construction historique de la structure du marché du crédit à la consommation en France, permettant de saisir les modalités d'une construction de l'offre sous l'étroite supervision d'institutions publiques et d'une construction de la demande par le biais de la moralisation d'une forme spécifique de crédit (la vente à tempérament). Les sources utilisées sont principalement les archives économiques et financières des acteurs institutionnels (ministère des Finances, Conseil national du crédit, Banque de France) et d'établissements spécialisés de crédit, notamment du Cetelem et de la Sofinco.

Dans une première partie portant sur la période 1947-1952, Sabine Effosse montre les hésitations des pouvoirs publics à intervenir dans le marché du crédit aux particuliers. À la suite du rapport Montbrial commandé par la Banque de France, la décision est prise en 1949 de ne pas réglementer le crédit à la consommation distribué par des regroupements de commerçants (appelés des Unions économiques), à la fois par crainte que le crédit n'alimente l'inflation et par souci moral de ne pas contribuer à légitimer la pratique. Mais des syndicats d'industriels en quête de nouveaux débouchés s'associent avec des banques, cherchant à investir la manne que représentent les indemnités de nationalisation. C'est ainsi que sont forgés les premiers projets d'établissements financiers, à l'origine de la naissance de la Sofinco et du Cetelem.

La deuxième partie (1953-1957) s'ouvre avec la décision du gouvernement, en 1953, de soutenir le développement du crédit à la consommation, sous l'influence du ministre MRP des Affaires économiques, Robert Buron. Le but principal est d'améliorer la compétitivité-prix de l'industrie française : le crédit doit permettre d'élargir le marché intérieur sans augmenter les salaires, donnant ainsi aux entreprises la possibilité d'exploiter des économies d'échelle et donc de baisser leurs prix. S'engage alors une entreprise de banalisation du crédit à la consommation par les pouvoirs publics et les établissements financiers, qui reçoit le soutien des prêteurs, des [End Page 121]commerçants, mais aussi d'associations familiales, tandis que les syndicats ouvriers se montrent réservés. En 1954, une réglementation pose les bases de l'encadrement du crédit à la consommation pendant plus de dix ans : elle impose la publicité des tarifs, une limitation de la durée de remboursement à dix-huit mois, un encours limité pour les prêteurs en fonction de leurs fonds propres ainsi que la participation à la collecte statistique.

La période allant de 1954 à 1965 fait l'objet d'une troisième partie, qui s...

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