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  • Rewriting "Les Mystères de Paris," The "Mystères Urbains" and the Palimpsest by Amy Wigelsworth
  • Catherine Nesci
Amy Wigelsworth. Rewriting "Les Mystères de Paris," The "Mystères Urbains" and the Palimpsest. Cambridge: Legenda, 2016. 232pp.

C'est un ouvrage passionnant et original que nous propose ici Wigelsworth, qui s'est interrogée sur la réécriture des Mystères de Paris d'Eugène Sue (1842–43), des années 1840 à l'aube du vingtième siècle. Son corpus comprend Les Mystères de Londres de Paul Féval (1844), Les Mystères du vieux Paris de Pierre Zaccone (1854), Les Mohicans de Paris de Dumas père (1854–59), Les Nouveaux Mystères de Paris d'Aurélien Scholl (1866–67) et Les Mystères de New York de Jules Lermina (1874). S'appuyant sur les ouvrages de Gérard Genette comme sur les récentes théorisations de l'hypertexte et de l'intertexte dont elle renouvelle la portée et les enjeux, l'auteure nous fait redécouvrir quelques œuvres de la littérature populaire qui démontrent l'autoréflexivité du genre des "mystères urbains," un genre conscient de soi et jouant sur des effets métafictionnels (9). Retraçant la généalogie de ce genre populaire, des mystères chrétiens à la fiction gothique (Chap. 1), l'enquête développe ensuite l'analogie entre texte et ville, entre le mystère et l'espace urbain, puis met en œuvre l'outil théorique du palimpseste comme figure par excellence de l'interdisciplinarité et de l'hypertextualité (Chap. 3). La méthodologie sollicite également la théorie de la réception de Wolfgang Iser pour mieux cerner les liens entre écriture et lecture dans la paralittérature et le roman populaire, et plus largement dans le processus de communication littéraire (142–44). La réflexion, soigneusement théorisée, est toujours bien documentée (trop longuement parfois, ce qui fait apparaître les exigences de la thèse doctorale), qu'elle se fonde sur les travaux pionniers de Matthieu Letourneux sur les mystères urbains, ceux de Dominique Kalifa sur le crime et les bas-fonds ou de Lise Queffélec sur le roman-feuilleton, le livre récent de Stephen Knight (The Mysteries of the City: Urban Crime Fiction in the Nineteenth Century) et les travaux collectifs sur les mystères urbains, initiés et dirigés par Marie-Ève [End Page 159] Thérenty (et publiés sur), comme premier phénomène de globalisation culturelle.

La bibliographie critique s'enrichit aussi de comparaisons avec les fictions médiatiques de l'ère victorienne, et de renvois à des travaux plus anciens, anglophones et francophones, mais toujours pertinents, sur la littérature populaire et les contextes historiques, sociologiques et politiques des textes étudiés. Si elle perd parfois de vue le leitmotiv ou la métaphore du palimpseste, Wigelsworth conjugue toutefois avec rigueur et bonheur les apports des études culturelles et ceux de l'esthétique littéraire; on notera par exemple les retours des plus éclairants vers la pensée de Roland Barthes.

La partie centrale de l'ouvrage porte sur les transformations diégétiques de l'hypotexte de Sue (Les Mystères de Paris), à savoir sa transposition géographique dans Les Mystères de New York de Lermina et Les Bas-fonds de Paris d'Aristide Bruant (1897) et ses permutations temporelles dans le passé (Les Mystères du Vieux Paris) et dans le futur, avec l'étonnant "Mystèreville" de Jules Lermina (1904–05), qui peint des bas-fonds temporels peuplés d'exilés religieux formant une communauté que Wigelsworth compare avec l'utopie de Bouqueval chez Sue. Dans le New York de Lermina, l'absence de "profondeur historique" (61) mine le projet archéologique inhérent aux bas-fonds, ce qui a pour effet de déplacer la criminalité vers les couches supérieures de la société, dans les sphères de l'argent et de la politique (62), et de brouiller la dialectique entre le haut et le bas (64); en même temps, on note le déficit...

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