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  • Worth Fighting For: Canada’s Tradition of War Resistance from 1812 to the War on Terror ed. by Lara Campbell, Michael Dawson, Catherine Gidney
  • Carl Bouchard
Worth Fighting For: Canada’s Tradition of War Resistance from 1812 to the War on Terror. Lara Campbell, Michael Dawson, and Catherine Gidney, eds. Toronto: Between the Lines, 2015. Pp. 328, $34.95 paper

Il est judicieux de lire Worth Fighting For à l’aune de l’influent ouvrage de Jonathan Vance, Death So Noble, qui a montré comment le souvenir de la guerre, en l’occurrence celle de 1914–8, a façonné notre pays. Le Canada vit en effet depuis plus de cent ans un paradoxe, glorifiant sa participation aux conflits qui ont jalonné le siècle (car cela sert la cause nationale), tout en se présentant comme un héraut de la paix. Vance a habilement retracé la genèse de ce mythe canadien et son exploitation politico-culturelle. Sans toutefois y faire référence nommément, Worth Fighting For prend ce sujet à bras-le-corps en examinant la pensée et les actes d’hommes et de femmes qui, depuis deux siècles, n’adhèrent [End Page 407] ni au mythe impérial britannique, ni au national. Refusant la guerre, inconditionnellement ou non, ils se battent pour que triomphe un autre idéal. Or, ces individus sont généralement des oubliés de l’histoire : ils ne figurent qu’exceptionnellement dans les manuels d’histoire, ils sont absents des récits nationaux, relégués à l’extrême marge de la mémoire populaire. Les dix-sept contributions réunies par Lara Campbell, Michael Dawson et Catherine Gidney ont déjà ce mérite de les inscrire dans l’histoire du pays.

Autant tout le monde aime la paix, autant les actions parfois radicales posées par les pacifistes dérangent. Les autorités surveillent et craignent ces empêcheurs de tourner en rond. Ils sont accusés des pires maux : défaitistes en temps de guerre, antipatriotes, communistes, lâches. Le beau chapitre conclusif rédigé par Dawson et Gidney est à cet égard particulièrement révélateur. Les auteurs y analysent les réactions d’une rare violence de l’opinion publique pancanadienne à la décision d’un directeur d’école primaire du Nouveau-Brunswick, pacifiste, de mettre en doute l’utilité (il n’est même pas question d’abolition) du chant quotidien de l’hymne national canadien. Les pacifistes mettent du sable dans la mécanique bien huilée de la communauté imaginée. Leur résistance à la pensée dominante est admirable et courageuse et a, dans une certaine mesure, valeur d’édification. C’est pourquoi l’histoire du pacifisme est généralement une histoire militante, écrite en majorité par des hommes et des femmes qui adhèrent à l’idéal qu’ils étudient, qui considèrent comme légitimes, importants et nécessaires les gestes posés par leurs héros et héroïnes. Ce parti-pris pourra agacer, en particulier lorsqu’il prend le pas sur l’analyse historique (on en retrouve un exemple dans le chapitre 16 rédigé par Luke Stewart sur les soldats américains opposés à la guerre en Irak et demandeurs d’asile au Canada), mais l’engagement personnel n’exclut pas la rigueur intellectuelle.

Il est pratiquement impossible de mesurer l’impact du pacifisme sur la prise de décision politique, et plusieurs chapitres se concluent par un désolant constat : les initiatives pacifistes (par exemple les grèves de la faim de Claire Culhane relatées par Tarah Brookfield ou les manifestations de désobéissance civile menées par des opposants au nucléaire américain en sol canadien étudiées par Bruce Douville) n’ont rien donné. Quel est l’intérêt historique d’étudier ces actions qui n’ont, semble-t-il, aucun effet? Il y a au moins deux réponses à offrir à cela, lesquelles apparaissent en toile de fond des contributions. La première est que certaines sont couronnées de succès : l’intransigeance des pacifistes chrétiens (mennonites, brethrens, quakers) au XIXe...

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