Abstract

Résumé:

Parue en 1887, la première édition des Poésies date de l'époque où Mallarmé méditait une nouvelle conception du 'Livre' rompant avec les conventions du volume imprimé. Si l'aspect fragmentaire et inabouti de cet ouvrage le prive de sa qualité de livre, la rareté de l'édition, son grand format in-quarto et ses attributs plastiques (le frontispice de Félicien Rops et les autographes photolithographiés du poète) le désignent pourtant comme œuvre. En examinant cette édition à la lumière des écrits de Mallarmé sur 'le Livre' (correspondance, notes, 'divagations'), cet article envisage les Poésies de 1887 comme une forme de médiation entre les contraintes de l'imprimé et certains principes théoriques que Mallarmé associe au projet du 'Livre': la mise en scène de l'écriture, l'exclusivité du lecteur, assimilé à un spectateur, la transformation de l'auteur en 'opérateur', etc. Aussi cette édition s'apparente-t-elle à un compromis entre l'idéal mallarméen du 'Livre', dont la réalisation se révèle de plus en plus impossible, et l'exigence de recueillir l'œuvre accomplie. En endossant le rôle d'artisan de son œuvre jusque dans la matérialité du volume, le poète en vient dès lors à redéfinir le livre de poésie ainsi que la poétique du livre à la fin du dix-neuvième siècle, tout en contribuant à la genèse du livre d'artiste.

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