Abstract

Résumé:

Au jour d'un climat généralisé d'islamophobie croissante et de plus en plus normalisée, la représentation de l'Islam et de la condition des femmes musulmanes demeure plus que jamais pertinente. Risquant de faire l'objet d'une instrumentalisation idéologique, la production culturelle relative à l'oppression féminine et au patriarcat dans le monde arabo-musulman doit désormais être inséparable de la question de sa consommation et des soupons de complicité qui peuvent peser sur son succès auprès d'un lectorat francophone. C'est dans le cadre de telles considérations que se situe notre analyse du dernier roman de Saphia Azzeddine, Bilqiss. L'article s'attache à démontrer en quoi les stratégies romanesques et l'intrigue de cette œuvre déjouent les attentes des lecteurs occidentaux – hexagonaux en particulier. À travers la démultiplication des narrateurs et la réfutation de leurs positions parfois caricaturales, l'auteure tente de poursuivre une conversation avec ses lecteurs sur la confrontation contemporaine des soi-disant sociétés occidentales et orientales, tout en les forçant à s'affranchir du sensationnel et de la fascination malsaine que suscite l'Islam.

In the current social climate of an increasingly normalized Islamophobia, representations of Islam and Muslim women are as problematic as ever. This is partly due to the risk run by any cultural production dealing with the patriarchy and women's oppression in the Arab-muslim world of being instrumentalized. Accordingly, any such production must be considered alongside questions of its intended consumption or its possible complicity with the dominant order. With this in mind, the article examines Saphia Azzeddine's last novel, Bilqiss. It analyzes the literary strategies the author deploys in order to counter expectations about Muslim women from Western readers, and in particular readers from the Hexagon. We contend that Azzeddine's refutation of her characters' positions, which are often extreme to the point of caricature, allows her to develop a conversation around the so-called contemporary confrontations between East and West, forcing her readers to move beyond the sensationalized representations and the problematic interest Islam continues to generate in the West.

pdf

Share