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  • Michel Vinaver: une pensée du théâtre by Catherine Brun
  • Alain Viala
Michel Vinaver: une pensée du théâtre. Par Catherine Brun. (Littérature de notre siècle.) Paris, Honoré Champion, 2015. 444 pp.

Michel Vinaver est un des auteurs majeurs du théâtre français contemporain. Son œuvre dramatique, étendue sur plus d'un demi-siècle — la création des Coréens date de 1956 — a fait l'objet d'un grand nombre de représentations, ainsi que, désormais, de travaux critiques. Mais il reste bien sûr à faire et le livre de Catherine Brun vient prendre en charge une question qui n'avait pas jusque-là fait l'objet d'une mise au point: celle des vues théoriques de Vinaver sur le théâtre. Elle prend appui, bien entendu sur les deux volumes des Écrits sur le théâtre, que Vinaver a publiés en 1982 pour le premier puis — avec une réédition de celui-ci, en 1998. Mais elle prend appui aussi sur un vrai travail d'archives et une foule d'articles, d'interviews, de déclarations et d'entretiens, dont la bibliographie donne un inventaire parfaitement détaillé. Brun étudie ainsi, après un premier chapitre consacré à une mise en perspective de cette œuvre dans son temps, la poétique de Vinaver, son rapport à la mise en scène, et son rapport à la réception. Ce plan a l'immense mérite d'être simple et clair, comme l'exposé a le tout aussi immense mérite de la clarté alliée à une extrême précision, une vraie minutie de l'analyse et une vraie capacité de conviction par la justesse des vues. Sont ainsi mises en perspective claire les principales orientations de cette dramaturgie, notamment la recherche d'une écriture qui obéit à la logique de la 'pièce paysage', faite de diffractions ouvertes, plutôt qu'à celle de la 'pièce machine', nouée par une intrigue impérieuse. La recherche aussi d'un théâtre où le texte garde toute sa place et résiste au risque de dissolution dans l'exubérance des mises en scène, souci du texte au nom duquel Vinaver avoue sa préférence pour le 'théâtre en rond' qui évite le dispositif frontal où le public subit les choix du metteur en scène et qui laisse la place, dans le spectacle comme dans la lecture, à la perception attentive de chaque segment. Et Brun a soin, à chaque fois, de rendre compte des nuances. On aurait pu cependant souhaiter qu'elle en soulignât davantage certaines. Celle de la trajectoire où le passage d'une situation bifide (Vinaver était un manager d'entreprise autant qu'un dramaturge) à une monomanie (auteur de théâtre et professeur d'études théâtrales) a pu infléchir certains choix. Celles aussi que pourrait apporter une prise en compte, en regard de ce que Vinaver a désiré comme réception de ses œuvres, leur réception effective (et pas seulement celle par les metteurs en scène). Bref, un peu plus de place pour ce que cette bien-nommée "pensée du théâtre' néglige, oublie ou ne dit pas eût sans doute enrichi l'analyse autant que la méthode. Cela étant, tel qu'il est, cet ouvrage est vraiment 'de la belle ouvrage' et sera utile aux curieux de lettres et de théâtre, et pas seulement aux Vinavéristes, [End Page 132] dont il fera, on n'en doute pas, les délices par son art de convertir l'enthousiasme en attention compréhensive.

Alain Viala
Lady Margaret Hall, Oxford
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