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  • L'Idée de littérature à l'épreuve des arts populaires (1870–1945) ed. by Pascale Alexandre-Bergues
  • Lise Schreier
L'Idée de littérature à l'épreuve des arts populaires (1870–1945). Sous la direction de Pascale Alexandre-Bergues. (Rencontres, 110; Littérature des xxe et xxie siècles, 16.) Paris: Classiques Garnier, 2015. 392 pp.

Cette publication des actes d'un colloque éponyme rassemble vingt-deux essais 'dévolu[s] à une littérature a priori moins pure mais non moins féconde, qui s'édifie […] en puisant dans des formes d'art et de culture volontiers qualifiées de populaires' (p. 7). Ce volume propose donc de montrer comment la littérature 'légitime' (p. 14) s'est esthétiquement et idéologiquement réinventée entre 1870 et 1945 en s'inspirant entre autres du roman-feuilleton, de la chanson, du cirque, du mélodrame, du dessin humoristique et du cinéma. La première section regroupe des essais aidant à cerner la notion de populaire, laquelle peut désigner tant le peuple que la nation, des communautés réelles ou rêvées qu'un [End Page 129] ensemble de pratiques artistiques basées sur l'instinct et l'émotion. Ces études centrées sur le folklore, le kitsch, les cafés-chantants, la littérature scolaire, la place accordée par les écrivains aux arts premiers ou encore la littérature coloniale, soulignent bien les enjeux du populaire à cette époque. Dans la deuxième section il s'agit aussi bien de préciser ce qu'est un écrivain populaire (sont-ce ses personnages, ses préoccupations, ses tirages qui importent?) qu'un public populaire. Les facteurs historiques de l'avènement du populaire sont également exposés. La troisième section montre la variété des formes populaires alors intégrées aux arts de la scène et leur impact. Si elle s'intéresse à l'argot et aux intermédialités de toutes sortes (notamment celles qui incluent le ballet), elle montre surtout que les expérimentations intégrant le populaire témoignent d'un désir de découvrir un nouveau type de public qui ne serait pas une simple foule, et qui redonnerait son sens au travail de la scène. Cette section se termine sur un essai particulièrement réussi sur la programmation théâtrale populaire en Indochine durant presque toute la période couverte par le recueil. Le mérite de cet ouvrage est de montrer qu'il s'est développé à cette époque un nouvel imaginaire du populaire qui a inspiré les artistes les plus divers, certains le tenant pour simple moyen, d'autres pour une fin en soi, que plusieurs essais, tel celui sur Jacques Prévert, présentent remarquablement bien. Il a en outre l'avantage de proposer diverses approches (notamment ethnocritique et sociologique) de la question. Cependant si certaines contributions sont novatrices, comme celles consacrées à Guignol, à la culture scolaire ou encore à une littérature d'outre-mer du terroir, d'autres ont un rapport parfois ténu avec le sujet ou ne proposent pas de nouvelles pistes de recherches. On regrettera aussi que l'Introduction ne propose pas de véritable synthèse de la question, ce qui aurait mieux servi le lecteur qu'un résumé des contributions (déjà présentées en fin d'ouvrage en français et dans un anglais à parfaire). Reste que les fils directeurs qui se tissent entre les essais, en particulier à propos du désir de fonder une littérature de rassemblement, font de cette publication un travail utile aux chercheurs.

Lise Schreier
Fordham University
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