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Reviewed by:
  • 'Les Confessions': se dire, tout dire ed. by Jacques Berchtold, Claude Habib
  • Franziska Meier
'Les Confessions': se dire, tout dire. Sous la direction de Jacques Berchtold et Claude Habib. (Rencontres, 111; Le Dix-huitième siècle, 13.) Paris: Classiques Garnier, 2015. 266 pp.

C'est sur la première partie des Confessions de Rousseau que se concentrent les quinze articles réunis par deux spécialistes du dix-huitième siècle, Jacques Berchtold et Claude Habib. Les éditeurs précisent d'emblée dans leur Introduction que cet ouvrage répond aux exigences de 'l'échéancier universitaire [qui] en France conduit régulièrement aux Confessions' (p. 7), mais justifient son existence, au-delà de cet impératif, par le fait que l'autobiographie 'canonique' de Rousseau conserve aujourd'hui encore des aspects déconcertants et absolument modernes. C'est le cas de la séparation catégorique introduite par Rousseau entre le moi social et le moi profond, selon eux toujours valable dans un monde actuel pourtant dominé par les réseaux sociaux et où la notion de vie privée tend à disparaître. Les quinze articles progressent du général au particulier. Les premiers analysent les Confessions en tant que projet d'ensemble. Tandis que Berchtold remet en évidence de façon très claire ce qui différencie Les Confessions de Rousseau de celles de son illustre prédécesseur Saint-Augustin, Christophe Martin établit lui la distinction entre l'enfance vécue de Jean-Jacques et celle, inventée, que Rousseau attribue à Émile. Marc Hersant pour sa part fait le point sur l'épineuse question du genre et une nouvelle fois s'engage non sans verve à démontrer que ni Rousseau ni ses contemporains ne prêtaient attention [End Page 113] à la distinction très nette entre mémoires et autobiographie introduite par Philippe Lejeune. Les sept articles qui suivent optent en revanche pour une approche thématique. Passant d'un Rousseau comique aux différentes facettes d'un Rousseau à la recherche du bonheur, ils aboutissent finalement à des lectures qui plongent en quelque sorte au-dessous de la surface textuelle pour y faire voir un Rousseau tantôt hanté par son homosexualité refoulée (Catriona Seth), tantôt sensible à la doctrine sensualiste qui le fait pencher — incapable qu'il est de 's'ouvrir à un extérieur à la fois désiré et terrifiant' (Jean-Christophe Abramovici, p. 175) — vers un 'isolisme sensoriel' (p. 169), ou encore en proie à la paranoïa (René Démoris). Le volume se poursuit avec trois 'microlectures' (selon la terminologie choisie par les éditeurs, p. 18) qui cherchent à explorer en détails la fonction de quelques scènes fortement 'fictionnalisées', tels la rencontre avec Mme de Warens, le voyage à Montpellier et la façon dont l'autobiographe dédouble l'intention thérapeutique en un épisode érotique séduisant autant pour Jean-Jacques que pour le lecteur. Ces microlectures sont condensées sous le titre 'Le Sens du détail' par Claude Habib, qui révèle que l'objectif de tout dire ne se limite pas chez Rousseau aux aveux honteux, mais revêt aussi un sens métalittéraire dans la mesure où il nous rend sensibles à l''extraordinaire abondance de noms propres, de singularités, de choses vues et plus encore de choses entendues' (p. 231). En résumé, l'ouvrage hésite à se départir du rôle premier qu'il s'est fixé, celui d'offrir un guide à l'usage des étudiants français.

Franziska Meier
Georg-August-Universität GÖttingen
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