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Reviewed by:
  • The Cruelest of All Mothers: Marie de l'Incarnation, Motherhood, and Christian Tradition by Mary Dunn
  • Vincent Grégoire
The Cruelest of All Mothers: Marie de l'Incarnation, Motherhood, and Christian Tradition. By Mary Dunn. (Catholic Practice in North America.) New York: Fordham University Press, 2016. 208 pp.

'Il a fallu céder à la force de l'amour divin et souffrir ce coup de division plus sensible que je ne vous le puis dire; mais cela n'a pas empêché que je ne me sois estimée une infinité de fois la plus cruelle de toutes les mères', écrit Marie Guyart dite de l'Incarnation (1599–1672)à son fils, Claude, afin de lui expliquer son abandon à l'âge de onze ans, pour entrer dans les ordres (Guy-Marie Oury, Correspondance (Solesmes: Abbaye Saint-Pierre, 1971), p. 316, été 1647). Cet acte, choquant pour un esprit contemporain, est ici méticuleusement analysé par Mary Dunn, et replacé dans le contexte socio-culturel et religieux de l'époque. L'abandon à la providence d'un enfant par sa mère permettant à celle-ci de se dévouer totalement à Dieu n'est pas un procédé radicalement nouveau au dix-septième siècle, ni avant. Cette décision témoigne, de la part de Marie influencée par la pratique de l'imitatio Christi, d'une soumission inconditionnelle à Dieu et d'une réponse sans ambiguïtéà son appel. Il faut tout d'abord comprendre que l'explication de l'abandon de l'enfant par une mère devenue veuve très jeune s'inscrit dans une interprétation produite après coup pour justifier l''incontestable' vocation de cette dernière. Mais son entrée au couvent en 1631 n'était en fait pas du tout certaine, Marie ayant décidé deseséparer de son fils sans même lui laisser un quelconque patrimoine ou avenir bien défini. Une fugue de Claude peu avant l'entrée de sa mère aux Ursulines, fugue qui force celle-ci à question-ner sa décision de se retirer définitivement du monde, expose la précarité de son projet religieux. C'est pourtant ce même Claude qui, dans l'autobiographie de sa mère qu'il publiera en 1677, défendra l'interprétation de l'inéluctable vocation de Marie de l'Incarnation, religieuse et mystique qui, répondant à l'appel de Dieu, n'avait d'autre choix que de l'abandonner sans biens ni avenir établi. Par cet abandon à la seule providence, elle a pleinement défié les conventions de son siècle, comme l'écrit Dunn: 'her determination to bequeath to Claude "neither gold nor riches […] but only the poverty" of Jesus Christ was downright extraordinary and outrageously transgressive' (p. 66). Cet acte peut ainsi être perçu, quoique Marie ne l'ait jamais imaginé en ces termes, comme un acte de 'résistance' (p. 67) aux conventions de l'époque. Invoquant Bourdieu, Dunn ne voit cependant, dans la décision de Marie, ni un simple acte de soumission à la volontéde Dieu, ni une expression de résistance, mais plutôt une décision réfléchie circonscrite dans les limites d'une tradition chrétienne historiquement plus ou moins hostile aux femmes et à la maternité mais favorable à un engagement religieux féminin en ce dix-septième siècle caractérisé par un renouveau du catholicisme. La seule faiblesse de cette étude très bien menée alliant érudition, solides recherches et histoire personnelle, est observable dans le dernier chapitre où le développement du thème de l''abjection' pensé par Kristeva s'écarte, selon nous, du sujet traité du fait de son caractère par trop spéculatif.

Vincent Grégoire
Berry College
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