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  • Œuvres complètes, II: Le Labirynth de fortune et Sejour des trois nobles dames by Jean Bouchet
  • Diane Desrosiers
Jean Bouchet, Œuvres complètes, II: Le Labirynth de fortune et Sejour des trois nobles dames. Edition de Pascale Chiron et Nathalie Dauvois. (Textes de la Renaissance, 195). Paris: Classiques Garnier, 2015. 416 pp.

Publié à la suite du Jugement poetic de P honneur femenin, édité par Adrian Armstrong (Paris: Honoré Champion, 2006), le deuxième tome des Œuvres complètes de Jean Bouchet poursuit le magistral travail éditorial entrepris par Jennifer Britnell. L'Introduction comporte une brève présentation de l'auteur et la situation du Labirynth de fortune dans la prolifique production de moraliste, d'historien et surtout de poète du procureur poitevin. Suit une présentation extrêmement éclairante du fonctionnement complexe de ce diptyque qui paraît en 1522 et de son vaste apparat de citations marginales. En effet, la magnifique édition critique établie par Pascale Chiron et Nathalie Dauvois reproduit en marge du texte les nombreuses annotations latines et en fournit la traduction française en annexe. Les notes abondantes et fort utiles témoignent non seulement de la vaste érudition philosophique, historique, théologique et juridique de Bouchet, mais également des recherches extrêmement fouillées que les deux éditrices ont menées. Ecrit de consolation dédié à la veuve d'Artus Gouffier décédé en 1519 et qui avait joué un rôle de premier plan à la cour de François Ier à titre de membre de son conseil et grand maître de l'hôtel du roi, le poème de quelque neuf mile vers porte sur les tribulations de la vie humaine et sur les questions vivement débattues de la prédestination, de la providence divine et de leur rapport avec le libre-arbitre. Après la déploration sur le trépas de Gouffier et son épitaphe, succède, dans la tradition des poèmes-monuments des rhétoriqueurs, le cadre-type du songe allégorique où le narrateur entre dans le labyrinth de fortune'. 'Humaine discipline' lui décrit alors 'dame fortune'. Puis les émissaires de Fortune, 'Bon eur' et 'Maleur', débattent des aléas qui balottent les hommes à travers l'histoire. Après les vifs échanges dialogués entre 'Humaine discipline' et 'Véritable doctrine', où celle-ci condamne l'allégorie profane, l'Acteur s'éveille. Dans la seconde partie du poème, après l'ascension traditionnelle du mont de Vertu, le narrateur parvient au jardin des trois vertus théologales: Foy, Esperance et Charité. Eclairé par les discours de ces trois nobles dames, il revient dans le labyrinthe mondain se connaissant mieux lui-même et fort de cette méditation spirituelle. L'ouvrage s'ouvre et se ferme sur des échanges de lettres entre Bouchet, son ami Jean d'Auton, historiographe du roi et poète de cour, et l'abbé Ardillon qui faisait partie avec Rabelais du groupe de lettrés réunis à Fontenay-le-Comte. Au seuil du poème, une épître liminaire en prose est adressée à Marguerite de Valois alors duchesse d'Alençon. Les considérations relatives à la riche versification de cette œuvre (l'alternance des rimes féminines et masculines systématiquement pratiquée par Bouchet bien avant Marot, l'unité des vers non strophiques à rimes plates du discours du narrateur et la variété des formes strophiques parfaitement adaptées à chacun des personnages) mettent en valeur la 'cohérence narrative et énonciative' (p. xliv) de ce prosimètre et illustrent de façon éclatante l'admirable virtuosité poétique du '[tjraverseur des voyes perilleuses'.

Diane Desrosiers
Université McGill
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