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Reviewed by:
  • Assimilation and Empire: Uniformity in French and British Colonies, 1541-1954 by Saliha Belmessous
  • Julie Marquet
Saliha Belmessous Assimilation and Empire: Uniformity in French and British Colonies, 1541-1954 Oxford, Oxford University Press, 2013, viii- 231 p.

En plaçant l'assimilation au cœur de son travail, Saliha Belmessous se propose d'opérer [End Page 1022] un décentrement par rapport aux approches classiques de l'histoire coloniale. Elle indique qu'elle souhaite se détacher des études consacrées aux aspects matériels des empires pour aborder le domaine des idées. Elle envisage l'assimilation comme une utopie, reposant sur l'idée de perfectibilité qui parcourt la pensée philosophique et religieuse en Europe et visant à transformer les peuples colonisés non seulement en Européens, mais en Européens «améliorés».

Le second angle de son approche concerne la pensée de la différence. Depuis les travaux d'Edward Said, les recherches ont beaucoup porté sur la perception, la construction et l'utilisation de la différence. S. Belmessous décide, pour sa part, de s'intéresser à l'autre dimension des dynamiques impériales, celle de l'inclusion et du renforcement de l'uniformité, en s'appuyant sur les analyses de Frederick Cooper1. Elle fonde ainsi son étude sur la notion d'assimilation, qu'elle définit, de manière très large, comme une idéologie soustendant les politiques impériales d'intégration de sociétés étrangères dans la culture européenne. Son objectif est de dégager les traits communs des projets d'inclusion, qu'ils soient appelés assimilation, civilisation, francisation, amélioration, ou encore mise en valeur. Pour montrer la continuité mais également les changements à l'œuvre dans les projets impériaux d'intégration culturelle, S. Belmessous fait le choix d'aborder les empires britannique et français sur la longue durée, du xvie au xxe siècle. Elle ne s'inscrit pas dans une approche comparative, mais s'arrête sur des moments de l'histoire de l'assimilation à travers trois études de cas.

La première partie, à la fois la plus courte et la plus riche, porte sur l'expérience française en Amérique du Nord aux xviie et xviiie siècles. L'auteure, spécialiste de la colonisation à l'époque moderne, avait consacré son travail de thèse à la question, et la bibliographie est très maîtrisée. Fondant son étude sur les correspondances entre le ministère de la Marine et les officiers coloniaux, elle rend surtout compte des orientations métropolitaines officielles, mais s'efforce de prendre en considération les intérêts des colons et, de manière indirecte, les intentions des populations natives. En Nouvelle-France, les tentatives d'assimilation passent d'abord par la religion et la civilité: il s'agit de convertir les Indiens au christianisme et de leur apprendre la langue et les habitudes culturelles françaises. La cohabitation interethnique et les mariages mixtes sont encouragés entre des hommes français et des femmes indiennes: Jean-Baptiste Colbert engage ainsi les colons et les natifs à ne faire «qu'un même peuple et un même sang» (p. 26).

Cependant, davantage qu'un projet religieux ou culturel, l'assimilation est selon l'auteure un projet politique, qui trouve ses racines dans le processus de renforcement de l'autorité de l'État dans les provinces de France métropolitaine. Le mélange des populations locales et des colons doit renforcer le projet impérial en affermissant le poids démographique français en Amérique du Nord. L'échec de ce projet d'assimilation conduit les agents coloniaux à lui donner une interprétation raciale à partir du début du xviiie siècle, avant même que la pensée de la race ne se développe en Europe. Alors qu'aux xvie et xviie siècles, la différence des Indiens était conçue comme culturelle – et donc surmontable –, elle est désormais présentée comme une différence de nature. Trop indépendants et fiers, les...

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