Abstract

Abstract:

En même temps qu'elle bénéficie d'un regain d'intérêt certain, l'histoire économique de l'Afrique suscite aujourd'hui des controverses méthodologiques intenses, dont deux livres publiés récemment par Morten Jerven se font l'écho, Poor Numbers et Africa: Why Economists Get It Wrong. Pour une bonne part, ces controverses renvoient plus largement aux différences entre le métier d'économiste et celui d'historien, au moins dans leurs pratiques dominantes. Dans leur quête des «fondamentaux» institutionnels du développement économique, beaucoup de travaux se satisfont encore d'une base de données sommaire et imparfaite, une approche que M. Jerven a raison de critiquer. Les analyses souffrent souvent d'une connaissance insuffisante des contextes sociaux et compressent le temps historique entre un «avant» et un «maintenant». Elles s'appuient également sur des hypothèses statistiques contestables. Même si les archives existantes ont des limites à la fois qualitatives (sources coloniales principalement) et quantitatives, il n'en reste pas moins qu'une modeste renaissance n'est pas hors de portée, afin de donner leur place à des analyses comparatives mieux maîtrisées.

Abstract:

Though it is currently benefiting from a renewal of interest, the economic history of Africa raises intense methodological controversies that are echoed in two books recently published by Morten Jerven, Poor Numbers and Africa: Why Economists Get It Wrong. A large proportion of these controversies relate more generally to the differences between economists and historians, at least in their dominant practices. In its quest for the institutional "fundamentals" of economic development, much research in this field is content to work with a summary and imperfect base of data, an approach that Jerven is right to criticize. Analyses often suffer from an insufficient knowledge of social contexts, and compress historical time between a "before" and a "now." They also rely on debatable statistical assumptions. Nevertheless, though existing archives display limitations that are both qualitative (the sources are predominantly colonial) and quantitative, a modest renaissance remains a possibility and would offer more space for better controlled comparative analyses.

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