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Reviewed by:
  • The Age of the Vikings by Anders Winroth
  • Pierre Bauduin
Anders Winroth The Age of the Vikings Princeton, Princeton University Press, 2014, 301 p.

Les recherches consacrées aux Vikings apportent régulièrement des informations nouvelles qui permettent de revoir ou de préciser certains aspects de l'expansion des peuples scandinaves du viiie au xie siècle. Ces travaux rendent nécessaires des ouvrages de synthèse qui tiennent compte des orientations scientifiques récentes, tout en les rendant accessibles à un public averti d'universitaires et d'étudiants. Sur ces deux points, l'ouvrage d'Anders Winroth, couvrant l'essentiel des aspects de la période des Vikings, se révèle bienvenu.

Au seuil de l'ouvrage, la narration d'un banquet imaginaire – mais très réaliste – fait entrer le lecteur dans la halle d'un chef, permettant de distiller en quelques pages ce qui formera [End Page 993] la matière du propos. Puis, après avoir évoqué l'image des Vikings jusque dans nos sociétés contemporaines, l'auteur cherche à qualifier une époque qu'il présente comme une période de succès culturel, religieux et politique. Celle-ci, qui se caractérise également par la violence – que des études récentes avaient parfois tendance à négliger –, est abordée principalement sous un angle militaire pour discuter de l'armement, de la tactique, de la frayeur provoquée par les assaillants. Il convient toutefois de jauger cette violence à l'aune des pratiques du temps et de considérer son usage par les Vikings au regard des buts recherchés, en premier lieu l'acquisition de richesses. L'auteur rappelle, après d'autres, que ce n'est pas le manque de terres ou de ressources qui poussa les Vikings hors de Scandinavie, mais l'action des chefs dans un contexte de compétition. Dans l'analyse de l'établissement des Vikings en dehors de leurs contrées d'origine, deux espaces sont privilégiés: les îles Britanniques et le Groenland.

Il n'y aurait pas eu d'«âge viking» sans les navires, qui font l'objet d'un chapitre spécifique. Les aspects techniques sont longuement évoqués, de manière concrète, avec le renfort de l'archéologie expérimentale, de même que la place du navire dans la société, l'imaginaire, les rites funéraires et l'au-delà, pour des Vikings qui associaient probablement la mort à un voyage maritime. Les découvertes monétaires portent témoignage de l'intensité des activités économiques, envisagées ici au travers de l'essor des centres d'échanges, y compris modestes, ou des biens échangés. A. Winroth fait bien ressortir l'importance des objets venus de loin, source de prestige, mais aussi les évolutions qui se manifestent, tels l'essor du commerce des produits de grande consommation (grain, poisson…) aux alentours de l'an mil, la réorientation des flux d'argent et les usages de la monnaie. Les aspects plus quotidiens de la vie, de la maladie et de la mort, du travail à la ferme, de l'habitat rural permettent d'envisager les Scandinaves chez eux, loin de l'image traditionnelle des Vikings.

L'ouvrage livre les grands traits de l'évolution politique de la Scandinavie, associés avec bonheur aux acquis d'une démarche anthropologique qui fait ressortir toute l'importance du don dans la construction des liens sociaux et des mécanismes de compétition entre les élites. La générosité du chef ou du roi est l'élément clé du système, tout comme l'ostentation. Ces formes de relations personnelles évoluent avec la mise en place des royaumes scandinaves, dont A. Winroth retrace les grandes lignes, principalement pour le Danemark. L'usage de la religion par les chefs et les rois constitue le fil directeur d'un chapitre sur les religions du Nord, sans doute l'un des mieux réussis du volume. On touche ici une spécialité de l'auteur qui montre une mythologie païenne fortement colorée par le christianisme, soit parce qu'elle est rapportée par des auteurs...

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