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  • Risques industriels. Savoirs, régulations, politiques d'assistance, fin XVIIe–début XXe siècle ed. by Thomas Le Roux
  • Paul-Arthur Tortosa
Risques industriels. Savoirs, régulations, politiques d'assistance, fin XVIIe–début XXe siècle Thomas Le Roux (dir.) Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2016, 348 p., 23€

Cet ouvrage est le fruit d'un programme de recherche développé pendant plusieurs années. Il prolonge les travaux de Thomas Le Roux sur l'histoire des pollutions industrielles et alimente une historiographie en plein essor.

Dans l'introduction, Thomas Le Roux rappelle l'importance de faire une histoire de long terme du risque industriel, car ce dernier « n'est pas seulement le fruit de notre société technologique contemporaine », mais est « bien inhérent à l'émergence du monde industriel, y compris dans ses premiers ancrages » (p. 13). Il souligne également la nécessité symétrique de « mise en contexte » et d'attention « aux temporalités multiples » afin « de se défaire d'une vision linéaire et téléologique du progrès » (p 14). Ces perspectives complémentaires traversent les quatre parties de l'ouvrage.

La première s'efforce de mettre en lumière une série d'acteurs essentiels, mais souvent négligés. Tout d'abord, Judith Rainhorn étudie la concurrence entre deux pigments de coloration blanche, afin de s'interroger sur « les mécanismes à l'œuvre dans le maintien paradoxal de la domination sur le marché d'un produit avéré comme [End Page 280] toxique sur un autre qui ne l'est pas » (p. 22). Soulignant les interactions entre acteurs médicaux et économiques, elle montre que les conflits autour de ces produits ne sont pas simplement des controverses scientifiques, mais également des débats économiques. Ensuite, Gilles Maury s'efforce de retracer le rôle des architectes, qui s'organisent progressivement en communauté professionnelle au 19e siècle, dans la gestion des risques industriels, à travers l'exemple de plusieurs incendies ayant dévasté des établissements du nord de la France. Dans un contexte marqué par la loi de 1898 sur les accidents du travail, Raymond Dartevelle souligne enfin la contribution essentielle des assureurs dans la construction d'une « tarification des corps ».

La seconde partie est consacrée à la mesure du risque au travail autour du moment 1900. Elle élargit le champ de l'ouvrage en proposant une série de contributions aux perspectives transnationales. Comparant les travaux de Zaccaria Trèves et de Armand Imbert, Marco Saraceno montre comment ces médecins italien et français ont « proposé la psychophysiologie comme outil pour la solution des conflits ouverts par les lois d'indemnisation » (p. 102). Isabelle Lespinet-Moret change ensuite d'échelle, analysant la construction d'une nouvelle conception du risque dans les congrès internationaux des accidents du travail puis les conférences internationales du travail entre 1889 et 1939. Anne-Sophie Bruno et Eric Geerkens poursuivent dans une veine comparative en mettant en parallèle les constructions française et belge de la législation sur les accidents du travail dans la première moitié du 20e siècle. Remettant en cause le paradigme progressiste de l'histoire du droit ouvrier, qui fait de ces législations des avancées sociales majeures acquises de haute lutte, ils contestent « l'ampleur réelle de la rupture introduite par le tournant réformateur » (p. 136), en soulignant la dimension nettement affirmée du compromis social. Cette partie se termine par une analyse de la production graphique relative à la nocivité du travail industriel en Italie, entre 1880 et 1914. Anna Pellegrino y souligne le caractère ambivalent de ces images, entre promotion de la culture industrialiste et dénonciation des tourments physiques entraînés par les nouvelles conditions de travail.

La troisième partie se concentre sur le long terme des pratiques de secours et de soin. Elle vise à contester l'assimilation des lois sur les accidents du travail à un simple produit de l'État-providence. Les politiques de soin lui sont en réalité largement antérieures, constate Éric Soullard dans son Étude de la machine de Marly. Le financement des...

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