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Reviewed by:
  • State Power, Stigmatization and Youth Resistance Culture in the French Banlieues: Uncanny Citizenship by Hervé Tchumkam
  • Gérard Keubeung
Hervé Tchumkam, State Power, Stigmatization and Youth Resistance Culture in the French Banlieues: Uncanny Citizenship. Lanham: Lexington Books, 2015. 192pp.

State Power, Stigmatization, and Youth Resistance Culture in French Banlieues est une autopsie de la situation politique des citoyens Français descendants de l’immigration africaine, écartelés entre inclusion et exclusion au regard de la sphère politique française. Cet ouvrage porte sur les banlieues, ces espaces de relégation qui font suite aux cités de transit et aux bidonvilles de France, et met en évidence le rapport des jeunes de banlieue à ce que l’auteur nomme “State power,” le pouvoir d’Etat. Hervé Tchumkam explique que la crise des banlieues émane du refus de ces Français d’être renvoyés sans cesse à leur origine, d’être jugés sur la base de critères biologiques et héréditaires, ce qui les pousse à exiger du pouvoir d’Etat leur droit à ce que Jacques Rancière appelle “le partage du sensible.” A ceux qui pourraient être tentés de le croire, ainsi que le justifie la mise en garde de l’auteur, State Power n’est pas un livre de plus sur l’immigration, et le problème des banlieues françaises ne saurait être confondu avec celui des immigrés qui affluent en France. Le point focal du livre c’est la citoyenneté contestée à des jeunes français à qui on demande, tels des immigrés, de s’intégrer alors qu’ils n’ont, pour la grande majorité, jamais quitté le sol de France. Il est là question d’un amalgame qui, selon l’auteur, dérive de cet effort de négation et d’amnésie historique dans laquelle la France s’est engagée depuis de nombreuses décennies et qui est à l’origine d’une guerre [End Page 313] mémorielle en cours dans son espace. En témoigne la loi du 23 février 2005 sur le rôle positif de la colonisation.

A partir d’un corpus d’auteurs issus de la banlieue et donc afro descendants, cette étude déconstruit les différents stéréotypes dont le pouvoir d’Etat affuble les banlieusards, en les traitant de délinquants, criminels, terroristes et bourreaux de femmes. L’ouvrage démontre amplement les manières dont les jeunes victimes de disqualification sociale suite aux nombreuses politiques des gouvernements successifs de gauche ou de droite, et à travers les émeutes urbaines, expriment un mal-être profond et font entendre leur cri pour la justice sociale. Aussi, se servant du concept de la vie-nue développé par Giorgio Agamben, l’auteur assimile le banlieusard à un Homo Sacer, étant entendu selon lui que la vie de l’habitant de banlieue se décline au sein de la métropole autour des concepts de nécessité et de dépense. Pour Tchumkam, ces marginaux “are necessary for the glory of sovereign power when their bodies are used in the construction of national power, but this very power that often derives its visibility from the use of bodies does not hesitate to punish them or track them down, by means of an often impressive deployment of repressive measures: double jeopardy, profiling, prohibition of the veil, creation of anticriminal brigades, and so on” (10). Ainsi, la mise à mort de ces jeunes n’est pas passible de condamnation, quoique leur existence et plus précisément leurs productions corporelles soient nécessaires pour le rayonnement de la France comme le furent à leur époque celle de leurs parents immigrés d’Afrique. En témoignent les nombreuses bavures policières à l’origine de multiples décès qui sont restés sans suite.

Se servant du roman El Hadj de Mamadou Mahmoud N’dongo, Hervé Tchumkam démontre que dans leur environnement de vie, “those prisons of poverty and despair that confine the heirs of African immigration in France for three and even four generations” (31), les banlieusards usent de parades pour répondre au pouvoir d’Etat. Le concept de parade ici diffère de...

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