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  • Lyon dans la Seconde Guerre mondiale. Villes et métropoles à l’épreuve des conflits by Isabelle von BUELTZINGSLOEWEN, et al.
  • Christian Chevandier
Isabelle von BUELTZINGSLOEWEN, Laurent DOUZOU, Jean-Dominique DURAND, Hervé JOLY et Jean SOLCHANY (dir.). – Lyon dans la Seconde Guerre mondiale. Villes et métropoles à l’épreuve des conflits, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, 361pages. « Histoire ».

Issu d’un colloque tenu en novembre 2012 à Lyon au Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation, vingt ans après son inauguration, ce livre apporte une contribution importante à une histoire des villes en guerre, à une histoire urbaine en temps de guerre et à une histoire des conflits en milieu urbain, en renouvellement depuis deux décennies. Les vingt-deux auteurs y abordent divers aspects d’une ville [End Page 201] dont ils dégagent les particularités par l’usage de la comparaison. Les titres des quatre parties disent l’ampleur des thèmes abordés : « Administrer, réprimer, éliminer », « Économie, travail, formation », « Religion, savoir, culture », « Résister, survivre, souffrir ».

Lyon, troisième ville de France par sa population (en dépit des manipulations de la municipalité qui aurait voulu lors des recensements des années 1930 affirmer sa primauté sur Marseille), a subi deux occupations. La première, brève, fut consécutive à la défaite, événement dont on sait à quel point il constitua un traumatisme majeur. La seconde a duré près de deux ans, de l’occupation de la zone Sud en novembre 1942 à la Libération début septembre 1944. La rupture ne fut toutefois jamais totale, la police et la sûreté allemandes (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst ou Sipo-SD) étant présentes à Lyon dès l’été 1942. Les contributions consacrées à Lille – qui relève de l’administration militaire allemande de Bruxelles –, à Marseille, l’éternelle concurrente, et au Havre, permettent une mise en perspective à partir d’objets susceptibles de comparaison : l’importance du port (à Lyon, ses installations furent incendiées avant l’arrivée des Allemands en 1940), la violence des bombardements (la mémoire de celui du 26 mai 1944, dû aux libérateurs, reste ambivalente à Lyon) 24 ou les modalités de la libération. Alors que c’est dans une ville en ruine que les Havrais furent libérés, Paris et Marseille se sont insurgées contre l’occupant avant que les Alliés ne soient à leurs portes. Lyon, en dépit des batailles de Villeurbanne et d’Oullins, fut évacuée plutôt que libérée. Seuls quelques tirs résiduels et l’incendie du dôme de l’Hôtel-Dieu donnèrent l’impression d’une bataille. Comme dans d’autres régions, à l’approche de la libération, les crimes de guerre s’accélérèrent avec des fusillades de prisonniers entre le 17 et le 21 août à Saint-Genis-Laval et à Bron. La guerre fut vécue de manière bien différente à Francfort ou Leipzig, également étudiées, qui ont connu d’autres rythmes, d’autres logiques, un autre destin.

Au plus près du terrain, les auteurs étudient les groupes sociaux, « élites » (comme les « khâgneux »), mais aussi ouvriers de différents secteurs. Dans la métropole lyon-naise comme dans le reste du pays, les milieux populaires urbains ont été le plus durement touchés par la guerre. Faute de pouvoir bénéficier du marché noir, loin des ressources des campagnes, ils subirent frontalement les restrictions. Ils furent les premières victimes des bombardements qui visaient les quartiers industriels et les gares de triage. Les services allemands, acteur essentiel dans les grandes villes occupées, ont très vite été actifs, notamment dans la mise en œuvre des persécutions raciales. Différents aspects de la vie urbaine, dont les modalités ont toutes été bouleversées, sont pris en compte, du traitement des déchets à la formation professionnelle, sans oublier les questions religieuses (avec une contribution sur Témoignage chrétien et une place faite au cardinal Pierre-Marie Gerlier, primat des Gaules hostile au nazisme néopaganiste et raciste mais aussi à la Troisième République anticléricale, indéniablement mar...

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