Abstract

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Cet article examine les questions soulevées par les tribunaux résidentiels, présidés par des administrateurs régionaux (résidents) dans le cadre du protectorat du Cambodge. Ces tribunaux ont joué un rôle important s’agissant du contrôle des populations minoritaires vietnamiennes et chinoises dans les zones rurales. Au nom de la séparation des pouvoirs administratifs et judiciaires, certains fonctionnaires judiciaires en Indochine ont cherché à remplacer ces tribunaux par des autorités judiciaires/cours présidées par des juges au bénéfice d’une formation juridique. Cependant, leurs efforts ont été vigoureusement combattus par les résidents supérieurs successifs du Cambodge, lesquels soutenaient qu’une telle mesure serait préjudiciable à la domination coloniale. Ces controverses mettent en lumière les rôles contradictoires, mais entrelacés, de la justice coloniale. L’application des principes de la justice française aux peuples colonisés faisait partie intégrante de la mission civilisatrice, mais le droit jouait également un rôle dans le maintien de la domination coloniale. Envisagé dans le cadre théorique de jurisdiction, le système judiciaire du protectorat cambodgien est considéré comme un processus constitutif de, et constitué par, la colonisation. Eh! Qu’importe à l’indigène d’être jugé par un Administrateur ou un Magistrat? L’un et l’autre n’appartiennent-ils pas également à la race dominatrice?

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