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  • État des lieux de la traduction pour la jeunesse by Virginie Douglas
  • Suzanne Pouliot
Douglas, Virginie, coord. État des lieux de la traduction pour la jeunesse. Rouen: Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2015. isbn 9782877759724. 190p.

Cet ouvrage est le résultat d’une réflexion amorcée par une dizaine d’universitaires, issus de diverses disciplines, et de traducteurs qui se sont réunis en mai 2011 à l’université de Rouen. Les chercheurs ont proposé de dresser un état des lieux, forcément provisoire, “des approches pratiques et théoriques de la traduction pour la jeunesse et de tenter de discerner les nouvelles tendances qui se dessinent dans les unes et les autres” (11). Les auteures, conscientes de la nouvelle légitimité de la littérature pour la jeunesse qui se manifeste par un plus grand respect du texte de départ, du moins en ce qui concerne les textes classiques pour lesquels elles adoptent une démarche [End Page 200] patrimoniale ou de légitimation, sont préoccupées par les nouveaux enjeux liés à la traduction d’œuvres pour la jeunesse dans un contexte de mondialisation. Comme Virginie Douglas le mentionne dès son introduction, ce qui est récent, ce n’est pas la traduction des livres pour enfants, qui existe depuis l’émergence de cette littérature, mais plutôt la réflexion théorique sur cette activité, qui a pris son élan depuis une trentaine d’années. Douglas note que, selon le Syndicat national de l’édition, les pays anglo-saxons dominent la scène littéraire pour l’enfance et la jeunesse et représentent 80% des titres étrangers destinés à la jeunesse et acquis par les éditeurs français (9), d’où l’importance de prêter attention à ce qui est traduit en français mais aussi dans d’autres langues.

Le premier chapitre (17–34), signé par Catherine Renaud, examine certaines difficultés linguistiques rencontrées lors de la traduction d’albums “classiques” scandinaves. L’auteure mentionne le respect du rythme du texte premier, le rapport texte/image et livre des solutions que l’éditrice a trouvées et approuvées pour restituer les noms de lieux et de personnages. Certaines décisions finales sont visibles dans les pages de couverture qui apparaissent en fin d’article. Le chapitre suivant examine des pratiques en mutation et réunit trois auteurs qui cherchent à comprendre “si le dosage de même et d’autre que l’on introduit dans ces textes traduits a évolué et jusqu’à quel point les usages ont pu se modifier à mesurer que progressait la réflexion théorique sur la traduction pour le jeune public” (36). Claire Verdier, Audrey Coussy et Véronique Ménard proposent des études de cas et mettent en relief les modalités et les motivations de la retraduction à destination de la jeunesse. Parmi les omissions observées, dans les traductions de récits de langue anglaise du vingtième siècle, il y a “celles qui relèvent de difficultés stylistiques et celles qui relèvent de l’idéologie” (55). Verdier constate que les corrections apportées lors de nouvelles traductions font apparaître une évolution des pratiques de traduction et une évolution sociale due à la perte du poids de la religion au profit d’une nouvelle conception de l’enfant. Pour sa part, Coussy réfléchit sur la traduction de la littérature pour l’enfance et la jeunesse lorsqu’il s’agit d’auteurs “sérieux,” c’est-à-dire ayant une certaine légitimité littéraire. Elle prend pour exemple la traduction récente du Old Possum Book of Practical Cats de T. S. Eliot et constate que la version française est plus statique et contrôlée que le texte original anglais, même si les onomatopées ont été traduites. Par ailleurs, pour cette œuvre, les adaptations du contenu culturel ont pour but, semble-t-il, d’adapter le tout au public ciblé (le lectorat français), en omettant certains noms de lieux ou des patronymes. Véronique Ménard compare deux traductions effectuées à quarante ans d’écart (1963 et...

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