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Reviewed by:
  • Contemporary Sino-French Cinemas: Absent Fathers, Banned Books, and Red Balloons by Michelle E. Bloom
  • Corrado Neri
Michelle E. Bloom. Contemporary Sino-French Cinemas: Absent Fathers, Banned Books, and Red Balloons. University of Hawai’i Press, 2015. Pp. 296. $59.00.

Le travail de Michelle Bloom apporte une importante contribution au champ des études cinématographiques et culturelles. Plusieurs publications ont été dédiées aux rapports qu’Hollywood entretient avec les cinémas d’Asie, discutant conflictualités, métissages, appropriations, plagiats, influences réciproques, tensions économiques. Beaucoup moins a été fait dans l’analyse des rapports entre la Chine et la France, relation pourtant de longue date et non exempte de contradictions.

Sans vouloir donner une définition constrictive du « Sino-French Cinémas »—mais il ne s’agit pas, et le lecteur s’en réjouit, du but du livre—Bloom explore les différentes facettes des réalités productives et esthétiques de ces faits cinématographiques.

Dans l’introduction Bloom fait état des coproductions entre Chine et France, tout en complexifiant la donne : de quelle Chine parle-t-on ? De la production dite officielle, ou des œuvres d’auteur qui visent un marché restreint mais global, des festivals jusqu’aux musées ? Et encore, la Chine est plurielle dans ses configurations géopolitiques, Taiwan étant une réalité tout à fait particulière qui demande une contextualisation sociopolitique précise. Voici que le texte offre d’emblée un panorama vaste et complexe de ces configurations productives et esthétiques et élargit les perspectives des études sur le monde chinois et sur la francophonie.

La première partie se concentre sur les films taiwanais qui articulent la thématique du métis-sage ; Bloom analyse des œuvres qui mettent en scène des personnages métissés franco-taiwanais (Yang Yang), qui incarnent donc un caractère hybride de l’identité, ou qui voyagent entre France et Taiwan (Visage, Et là-bas, quelle heure est-il ?, Le voyage du ballon rouge) dont le récit tourne autour de l’interculturalité. Mais le livre ne s’arrête pas à une analyse des narrations : avec une fine toile de références textuelles et filmiques, Bloom démontre comment le caractère hybride de ces films vient du jeu complexe intertextuel de références, citations, hommages, émancipations vis-à-vis de la norme et réflexions sur l’héritage de pères artistiques (la Nouvelle Vague in primis).

La partie dédiée à la Chine enrichit la discussion d’un élément ultérieur, à savoir la littérature. L’œuvre de Dai Sijie, à partir de Balzac et la petite tailleuse chinoise, offre à l’auteur l’occasion de traiter de la traduction et l’adaptation—tantôt transmedia (du roman au film) tantôt transculturelle (la réception de la littérature française en Chine, mais aussi celle de la représentation de l’histoire chinoise en France). À travers une discussion des œuvres de Jia Zhangke et Tang Xiaobai, Bloom manifeste des préoccupations liées à la globalisation, aux définitions d’identité nationale, aux nationalismes et aux particularismes.

Le chapitre qui clôt l’ouvrage ouvre courageusement de nouvelles portes à des études « audelà du sino-french » ; largement documentées, ces pages font état de la complexité de circulation d’images, narrations, capitaux entre pays et cultures. On y trouve cité une large palette d’auteurs qui se confrontent avec la fluidité structurante du cinéma comme art globalisé : Park Chan-wok, Lou Ye, Zhang Yimou… Bloom termine l’ouvrage avec une véritable « fusion », une note sur la circulation de la culture alimentaire, en laissant entrevoir avec impatience (et j’évite nombreuses métaphores culinaires qui viennent immédiatement à l’esprit) de fécondes directions de recherche. [End Page 161]

Corrado Neri
Université Jean Moulin Lyon 3
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