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  • La nueva nobleza titulada de España y América en el siglo xviii (1701–1746). Entre el mérito y la venalidad by María del Mar Felices de la Fuente
  • Sébastien Malaprade
María del Mar Felices de la Fuente
La nueva nobleza titulada de España y América en el siglo xviii (1701–1746). Entre el mérito y la venalidad
Almeria, Universidad de Almería, 2012, 524p.

Le livre de María del Mar Felices de la Fuente, tiré de sa thèse de doctorat, opère un heureux rapprochement entre deux historiographies peu habituées à dialoguer, celle de la noblesse et celle de la vénalité. C’est à la frange supérieure de l’aristocratie que se consacre l’historienne, qu’il s’agisse des Castillans, des Aragonais, des Navarrais ou des sujets américains intégrés au groupe des « titrés » (títulos) sous Philippe V. Ce n’est qu’au terme d’un processus qualifié de bureaucratique – la procédure [End Page 763] qui mène de la sollicitation à la concession d’un titre est l’objet d’une première partie – que les aspirants à une vicomté, un comté, un marquisat ou un duché reçoivent les bénéfices de la grâce royale. La seconde partie dresse le profil social de cette élite et détaille les critères qui président à sa promotion.

L’enquête s’inscrit dans un programme de recherche sur la vénalité des charges dans l’Espagne moderne, entrepris par Francisco Andújar Castillo. Voilà plus de quinze ans que ce dernier œuvre à la rénovation d’un champ historiographique en friche depuis les études pionnières de Francisco Tómas y Valiente et d’Antonio Domínguez Ortiz sur les achats de charges municipales 1. À mesure que paraissent les travaux du cercle des modernistes fédérés par F. Andújar Castillo, les domaines de la vénalité – dont on pressentait que celle-ci n’était pas circonscrite à l’univers local – s’élargissent 2. Aux xviie et xviiie siècles, bien des nominations à des offices militaires ou à des charges centrales sont validées au prix d’une transaction financière. La bibliographie témoigne de la dette contractée par l’auteure envers cette historiographie et celui qui fut son directeur de thèse.

C’est l’un des grands mérites de M. Felices de la Fuente que d’avoir mis au jour le rôle de la vénalité dans le renouvellement d’une aristocratie que l’on croyait rétive aux services pécuniaires. Pour mesurer l’importance du phénomène, elle s’est appuyée sur une base de données prosopographique – reproduite en annexe – compilant les notices des 318 individus dotés d’un titre entre 1701 et 1746. Loin d’être récompensés uniquement pour leurs mérites, 36 % d’entre eux s’élèvent par leur fortune. La mise en évidence de ce résultat supposait de surmonter des difficultés méthodologiques. Comment, en effet, détecter les cas de vénalité lorsque les acquéreurs s’efforcent d’occulter des achats qui risquent d’entamer leur crédit en dévoilant l’obscurité de leurs lignages ? En les décelant d’abord derrière des expressions équivoques, telles que « dons » et « dons gracieux ». En interprétant ensuite le caractère allusif de certains exposés de mérites comme la preuve d’un transfert d’argent. En traquant la vénalité, enfin, directement dans les titres vendus par des institutions religieuses, des échevinages et, indirectement, à travers le financement d’unités militaires ou l’annulation de dettes au profit de la Couronne par des particuliers.

Ces analyses conduisent l’auteure à étriller une historiographie de la noblesse, d’inspiration généalogique, qui manque de discernement face aux sources. Le vieux récit d’une noblesse titrée, récompensée au nom des services rendus sur les champs de bataille, est révisé à la faveur d’un examen critique des documents produits par les candidats aux titres. Un grand nombre des mémoires et des...

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