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  • L’intelligence des choses. Une histoire de l’information entre Italie et Méditerranée, xvie-xviie siècles by Johann Petitjean
  • Filippo de Vivo
    Translated by Lucile Hagège
Johann Petitjean
L’intelligence des choses. Une histoire de l’information entre Italie et Méditerranée, xvie-xviie siècles
Rome, École française de Rome, 2013, 520p.

L’histoire de l’information à l’âge moderne s’est développée ces dernières années à la lumière des préoccupations contemporaines sur la révolution numérique, sur l’omniprésence des médias dans la société et sur les relations que ceux-ci entretiennent avec le pouvoir. La discipline a évolué tout particulièrement depuis que les historiens ont cessé de se concentrer sur l’imprimerie ou sur les pionniers de la circulation de l’actualité sous une forme imprimée. Ils se penchent désormais plus volontiers sur l’interaction entre les différents moyens de communication, y compris manuscrits. Alors que, auparavant, les spécialistes tendaient à attribuer l’origine de la révolution de l’information à l’apparition des gazettes imprimées en France, aux Pays-Bas et en Angleterre, au cours de la guerre de Trente Ans, ils soulignent aujourd’hui la vitalité pluri-polaire des réseaux d’informations au cours du long xvie siècle en Italie. En outre, ils n’associent plus automatiquement l’essor de la presse à l’émergence d’une opinion publique libre. Cette interprétation, qui fut initialement mise en avant par les historiens libéraux ou whig du xixe siècle, a joui d’une nouvelle popularité à la fin du xxe siècle grâce à la lecture (parfois biaisée) du travail fondateur de Jürgen Habermas. Les historiens sont désormais bien plus attentifs à la manière dont les acteurs politiques manipulent ces canaux d’informations.

L’excellente première monographie de Johann Petitjean poursuit ces nouvelles tendances à partir d’une lecture pertinente d’un riche corpus théorique, de précieux résumés critiques de l’historiographie et, surtout, d’une vaste quantité de documents d’archives. Contrairement à la plupart des historiens qui ne se concentrent que sur une série de périodiques ou sur une unique source d’actualité, J. Petitjean a lu et comparé de manière systématique une grande partie des moyens d’informations imprimés, et surtout manuscrits, disponibles en Italie pour le xvie et le début du xviie siècle – une région marquée par la pluripolarité des réseaux d’informations. Ces sources sont liées à cette vaste zone géographique qu’est la Méditerranée et couvrent un siècle entier à partir des années 1570. L’auteur s’intéresse aussi à l’ensemble des événements qui ont précédé et suivi cette période. Il fonde son analyse sur la lecture de plusieurs milliers de pages de dépêches et de bulletins manuscrits, toutes méticuleusement annotées dans d’abondantes notes de bas de page. Il aurait cependant été bienvenu de davantage mettre en évidence la méthodologie. J. Petitjean évoque, par exemple, des doublons de séries de bulletins manuscrits, conservés dans des archives ou des collections séparées. Cette assertion se fonde-t-elle sur le contenu, la présentation ou la calligraphie ? A-t-il établi celle-ci grâce à une base de données ? Des images auraient également pu aider le lecteur à se représenter la matérialité des bulletins, élément sur lequel J. Petitjean met pourtant l’accent à maintes reprises.

Les trois premiers chapitres sont consacrés aux deux types de canaux d’informations majeurs. Tous deux émanent de préconditions politico-culturelles et logistiques, à savoir [End Page 749] l’essor de la diplomatie (la collecte de l’information étant l’une de ses principales fonctions) et l’amélioration de la circulation des services postaux. Le premier canal est celui de la dépêche diplomatique, dans laquelle les ambassadeurs – mais aussi leurs secrétaires – se mettent progressivement à fournir des listes de brèves descriptions...

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