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  • Descripcion ou traicte du gouvernement et régime de la cité et Seigneurie de Venise. Venezia vista dalla Francia ai primi del Cinquecento by Philippe Braunstein and Reinhold C. Mueller
  • Claire Judde de Larivière
Philippe Braunstein et Reinhold C. Mueller (éd.)
Descripcion ou traicte du gouvernement et régime de la cité et Seigneurie de Venise. Venezia vista dalla Francia ai primi del Cinquecento
Venise/Paris, Istituto veneto di scienze, lettere ed arti/Publications de la Sorbonne, 2015, 470p.

C’est une source précieuse que nous donnent à lire Philippe Braunstein et Reinhold Mueller : un traité inédit sur l’organisation institutionnelle de Venise, rédigé en français au début du xvie siècle. Entreprise depuis plusieurs décennies, l’édition de ce texte (la première in extenso après une édition partielle à la fin du xixe siècle) permet de découvrir un regard original sur l’un des régimes les plus commentés de l’époque moderne. Les spécialistes de Venise, comme les médiévistes et les modernistes étudiant l’histoire politique européenne, y trouveront leur compte.

Le document, sans date, mais rédigé par un auteur anonyme, probablement entre 1505 et 1514, s’inscrit dans la tradition française du [End Page 747] manuscrit orné. Différentes versions du texte ont circulé dans l’entourage royal et plusieurs manuscrits ont été conservés, en particulier à la Bibliothèque nationale de France et au musée Condé de Chantilly. La présente édition est constituée de la transcription du traité, précédée de trois chapitres d’introduction, l’un sur le manuscrit, son auteur et son commanditaire, et deux autres sur le contexte historique et littéraire de sa rédaction, ainsi que sur sa datation. L’appareil critique particulièrement riche rassemble d’abondantes notes, une bibliographie et un index analytique. Un cahier d’illustrations permet également d’apprécier la qualité des miniatures qui accompagnaient le traité.

Malgré leurs efforts, les éditeurs ne sont pas parvenus à identifier l’auteur de ce texte, qui ne présente pas de qualités littéraires particulières, mais révèle une excellente capacité à rassembler les nombreuses informations utiles à son propos. Comme c’était fréquemment le cas à l’époque, il s’est sans doute renseigné auprès d’ambassadeurs et d’hommes de guerre qui circulaient entre la France et l’Italie, voire d’informateurs vénitiens sur place. L’auteur a ainsi pu rédiger une description minutieuse des institutions vénitiennes, dont l’objectif est de comprendre comment « la chose publique de Venise » demeurait l’un des facteurs de son succès et de sa puissance. Les miniatures, réalisées par un artiste parisien actif sous le règne de Louis XII, appuient et confirment le propos, en incarnant la solidité institutionnelle de la Seigneurie dans l’architecture de la ville et l’image ordonnée des patriciens au pouvoir.

Si l’on sait peu de chose sur l’auteur, on connaît mieux le commanditaire, l’un des premiers personnages de la cour de l’époque, l’amiral de France Louis Malet de Graville. Les guerres d’Italie, l’influence culturelle de la péninsule sur le royaume de France et ses milieux dirigeants, l’intérêt pour les affaires italiennes manifesté par Graville durant sa carrière sont autant d’éléments qui éclairent le contexte de la commande. La mise en perspective du traité avec la riche tradition historiographique européenne et italienne de l’époque – que l’on songe notamment à Philippe de Mézières, Marcantonio Sabellico ou Marin Sanudo – est également essentielle pour comprendre les sources possibles de l’auteur, l’origine de certaines de ses erreurs et les éléments, sinon complètement nouveaux, au moins originaux dont il rend compte.

Le traité en lui-même est composé d’un prologue et de 116 chapitres, qui abordent d’abord la fondation et le site de Venise, les églises, les hôpitaux, les lieux et les habitants de la ville. Suivent de nombreux chapitres consacrés aux institutions, à commencer par le patriarche, puis...

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