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  • Partager le monde : Rivalités impériales franco-britanniques (1748-1756) by François Ternat
  • Alexandre Michaud
Ternat, François – Partager le monde : Rivalités impériales franco-britanniques (1748-1756). Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2015, 584 p.

Dans cet ouvrage novateur, François Ternat nous fait redécouvrir l’importance du Traité d’Aix-La-Chapelle (1748) ainsi que l’ensemble des négociations francobritanniques (1748-1756) concernant le monde colonial. Marquant un jalon important de l’historiographie impériale moderne, Partager le monde - Rivalités impériales franco-britanniques (1748-1756) présente une histoire globale de la diplomatie de la paix du point de vue des dirigeants métropolitains. Se basant sur une impressionnante collection d’archives provenant des deux côtés de la Manche, Ternat analyse le discours diplomatique des Lumières sur les enjeux coloniaux et commerciaux, de l’Amérique du Nord jusqu’aux Antilles, et de la frange atlantique de l’Afrique jusqu’aux Indes orientales. Suivant, dans un ordre chronologique, les débats ayant eu lieu à Paris et à Londres, Ternat prend soin d’approfondir certains thèmes et enjeux majeurs, permettant au lecteur d’en saisir la pleine ampleur.

L’ouvrage est divisé en trois parties. La première traite principalement de l’application du Traité d’Aix-La-Chapelle suite à la Guerre de Succession d’Autriche (1744-1748). Ternat démontre que le principe directeur de l’entente franco-britannique repose sur l’idée de restitution des conquêtes et celle du rétablissement des colonies au statu quo ante bellum, cette diplomatie de la réciprocité venant souder le « nouveau monde » au « monde européen » dans un jeu d’équilibre des puissances. Ainsi, il est jugé que l’abandon de prises continentales françaises telles que celle des Pays-Bas autrichiens valent bien le retour de prises coloniales britanniques telles que celles de Louisbourg et Fort Saint-Louis à Saint-Domingue. Selon l’auteur, de ces négociations découle un premier constat, soit que la France tient alors véritablement à la Nouvelle-France et que cela implique qu’elle consente à des sacrifices importants pour le retour de la forteresse de Louisbourg. Même son de cloche du côté britannique où la restitution de cette forteresse s’avère très impopulaire.

Mis à part ce calcul réaliste des intérêts de l’un et de l’autre, Ternat met en lumière une culture de la paix qui prend racine dans les leçons tirées de la longue Guerre de Succession d’Espagne (1701-1713). Plus précisément, il note que le Roi Louis XV et ses conseillers sont satisfaits d’une France aux frontières « complètes » et considèrent que cette dernière n’a nul besoin de nouveaux territoires continentaux qui risqueraient de lui attirer « la jalousie » de ses rivaux (p. 23-25). Il est donc hors de question pour Louis XV de répéter les erreurs expansionnistes de son [End Page 721] arrière-grand-père, Louis XIV, et du Traité d’Utrecht (1713). On considère plutôt que, pour compléter cette paix qui se veut longue, il est impératif de régler tout conflit outre-mer avec les Britanniques grâce à un accord qui garantirait la sécurité des frontières coloniales et d’un commerce transatlantique florissant. D’ailleurs, le Traité d’Aix-La-Chapelle mandate la tenue d’une commission franco-britannique sur l’établissement de limites coloniales univoques entre les deux empires.

La deuxième partie de l’ouvrage traite justement de ces travaux de la commission sur les différends coloniaux. Alors que l’historiographie, désormais désuète et incomplète aux niveaux des sources, a eu tendance à considérer cet effort diplomatique comme futile (ex. les travaux de Richard Waddington ou Max Savelle), Ternat conteste cette interprétation en mettant l’accent sur le savoir dans le discours des diplomates et des propositions de convention. Ces diplomates, érudits aux profils semblables, composent des mémoires juridiques dont la cohérence quant au droit de propriétés coloniales est mise à l...

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