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  • Des braves et des guerriers : Les Amérindiens du Québec et la guerre de 1812 by Jean-Pierre Sawaya
  • Maxime Gohier
Sawaya, Jean-Pierre – Des braves et des guerriers : Les Amérindiens du Québec et la guerre de 1812. Québec, Presses de l’Université Laval, 2015, 258 p.

Le bicentenaire de la guerre anglo-américaine de 1812 a grandement contribué à rehausser l’intérêt accordé à cet événement dans l’historiographie québécoise et canadienne. Les sommes prodigieuses investies par le gouvernement conservateur de Stephen Harper pour mousser la commémoration de ce conflit, de même que la signification symbolique qui lui a été rattachée, ont certes alimenté les débats publics, mais ont aussi contribué à stimuler la recherche sur le sujet, comme en témoigne le grand nombre de publications parues au cours des cinq dernières années. C’est dans ce contexte commémoratif que Jean-Pierre Sawaya nous offre Des braves et des guerriers, ouvrage qui vise à rendre « hommage » aux Amérindiens du Bas-Canada, ces « acteurs oubliés d’une guerre oubliée » (quatrième de couverture). Sawaya, en effet, dénonce leur absence parmi les nombreux « héros » des Canadiens. Selon lui, les « domiciliés » auraient « joué un rôle crucial dans ce conflit nord-américain » (p. 1) et méritent donc « eux aussi leur place dans le récit et la mémoire de la guerre de 1812 » (p. 136), au même titre que les célèbres Salaberry, Secord ou Tecumseh.

L’ouvrage est divisé en trois chapitres, qui suivent une trame essentiellement chronologique. Le premier, « L’avant-guerre, 1807-1812 », aborde les conditions dans lesquelles les Amérindiens du Bas-Canada ont choisi de participer au conflit. De façon presque unanime, ceux-ci ont très tôt manifesté leur volonté d’appuyer les intérêts britanniques, sauf quelques Iroquois de Kahnawake (Sault-Saint- Louis) et d’Akwesasne (Saint-Régis) qui ont plaidé en faveur du maintien d’une [End Page 714] position de neutralité. À titre « d’alliés », les guerriers amérindiens ont été intégrés au sein d’une escouade particulière associée au Corps des Voltigeurs, le bataillon spécial de la milice canadienne créé par Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry en 1812. Commandés par des officiers du Département des Affaires indiennes, les Amérindiens conservaient ainsi leur habillement traditionnel et étaient voués à pratiquer la « petite guerre ». Contre l’avis de la plupart des chefs, quelques Hurons (Wendat) de Lorette choisirent toutefois de s’engager dans la milice régulière. « Pourquoi sacrifier leur liberté de guerrier pour les charges de milicien? », se demande Sawaya. Selon lui, c’est pour le prestige de servir directement sous les ordres de Salaberry, soldat réputé, mais surtout pour les « avantages matériels » promis par les autorités aux miliciens : une terre de 50 arpents et une solde de 144 $, tandis que les guerriers étaient rémunérés en « présents ». (p. 23)

Le deuxième chapitre, intitulé « L’État de guerre, 1812-1814 », présente les différentes opérations auxquelles les Amérindiens ont participé durant le conflit. Fidèle à ses habitudes, Sawaya démontre une maîtrise des archives hors du commun. La recherche colossale qu’il a conduite dans une variété impressionnante de fonds d’archives lui permet de fournir des détails précis sur le nombre et l’identité des guerriers présents dans chacune des opérations, les tâches accomplies, le nombre de prisonniers, de blessés et de tués, les « ravages » effectués en territoire ennemi, le butin amassé, etc. Son intérêt ne s’arrête pas aux principales batailles (Sackets Harbor, Beaver Dams ou de la Châteauguay), mais porte aussi sur les actions moins flamboyantes : on apprend notamment que les Amérindiens se voyaient souvent confié la tâche de poursuivre les miliciens déserteurs et que certains pratiquaient la contrebande avec les États-Unis afin d’assurer l’approvisionnement de l’armée britannique. Même les actions des rares individus qui...

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