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Reviewed by:
  • Along a River: The First French-Canadian Women by Jan Noel
  • Dominique Deslandres
Along a River: The First French-Canadian Women. Jan Noel. Toronto: University of Toronto Press, 2013. Pp. 356, 33.95 $ édition brochée

Il est certain qu’après les âpres débats des années 1980 qui ont suivi les critiques sévères de Micheline Dumont à l’égard de l’article « New France : Les Femmes favorisées », de Jan Noel, on attendait un peu le dernier ouvrage de Noel avec une brique et un fanal, bref avec autant d’intérêt que de circonspection. Certes, depuis la parution de son article sans cesse réédité et discuté, Noel a nuancé son propos, mais avec ce livre, elle tient son bout, persiste et signe en maintenant, sources solidement à l’appui, que les Françaises de la vallée laurentienne étaient privilégiées par rapport à leurs contemporaines du Vieux comme du Nouveau Monde.

Ce baroud d’honneur que Noel offre au public anglophone, après une vie pleine de professeure-chercheure, est moins une réponse, point par point, aux critiques émanant des historiennes et des historiens francophones des années 1980, qu’une synthèse alerte et alertée de l’histoire de celles qui s’appelaient les Canadiennes (et non anachroniquement « French-Canadian women » comme elle les présente par souci de clarté aux non-initiés). D’ailleurs, si l’auteure est fâchée avec l’orthographe de quasi tous les noms et termes français qu’elle emploie, il est évident qu’elle a beaucoup lu, couvrant de très larges pans historiographiques tant en anglais qu’en français. Ce qui est heureux pour le public anglophone, souvent peu au fait de l’historiographie francophone des femmes et plus généralement de celle de la Nouvelle France. Du côté francophone, il n’y avait jusqu’alors à disposition que des chapitres (informés mais trop courts) sur l’histoire des femmes de la Nouvelle France dans des ouvrages de synthèse comme celui d’Allan Greer, Brève histoire des peuples de la Nouvelle-France (traduction en 1998 de People of New France paru en 1997), et plus récemment celui de Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec paru en 2012. On peut dès lors dire que pour les deux publics, Along a River est fort bienvenu.

Dans les huit chapitres de Along a River: The First French-Canadian Women, répartis en quatre parties d’inégale longueur, Noel entend explorer et prouver l’agentivité (agency ou capacité d’un individu d’agir [End Page 585] sur son propre destin) des Françaises établies en Amérique, le long du grand fleuve Saint-Laurent. Dans cette « étude d’écologie humaine » (3), comme elle l’appelle, Noel désire montrer combien l’agentivité de ces femmes a été influencée par l’environnement laurentien (écologie, climat et réseau hydrographique) qui leur permit des opportunités dont ne jouirent pas leurs consoeurs de Grande-Bretagne, voire des colonies américaines – et que perdirent, à partir de la Révolution, les femmes de France. Aussi le premier chapitre intitulé Transatlantic Trends 1600–1800, qui constitue la première partie de son ouvrage, montre que, contrairement aux femmes anglaises et françaises, les Canadiennes auraient été favorisées grâce à leur situation géohistorique qui les aurait protégées jusqu’au moins les années 1830-40 du durcissement patriarcal qui caractérise la société industrielle occidentale.

Ensuite, dans la seconde partie, Noel s’intéresse aux migrantes du début de la colonie, en particulier les dévotes et les Filles du roi qui sont, pour elle, les véritables fondatrices du nouveau pays qui, en retour, les enrichit de nombreux bénéfices spirituels et matériels (53-83). Noel présente ces premières Canadiennes actives dans tous les domaines, à l’intérieur comme à l’extérieur du foyer. Voire, dans les chapitres 3 et 4 (84-128) et comme elle l’avait déjà fait dans son article de 2006 paru dans la French Historical Society et celui...

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