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Reviewed by:
  • So They Want Us to Learn French: Promoting and Opposing Bilingualism in English-Speaking Canada by Matthew Hayday
  • Serge Miville
So They Want Us to Learn French: Promoting and Opposing Bilingualism in English-Speaking Canada. Matthew Hayday. Vancouver: ubc Press, 2015. Pp. 364, 95,00 $ relié toile, 34,95 $ édition brochée

So They Want Us to Learn French s’inscrit dans la suite de Bilingual Today, United Tomorrow. Matthew Hayday poursuit ici son étude sur les politiques linguistiques en adoptant une réflexion digne de la nouvelle histoire politique. En effet, il s’intéresse notamment aux groupes sociaux qui sont aux premières loges du débat autour du bilinguisme au Canada anglais et qui sont devenus des acteurs clefs dans l’évolution de l’apprentissage du français comme langue seconde et de l’établissement des programmes d’immersion à partir des années 1950.

Également dans la mire du chercheur est le rôle du Commissariat aux langues officielles (clo). Les commissaires ont souvent interprété leur mandat de manière fort créative, ouvrant ainsi la porte à une forme d’activisme sur le front des droits linguistiques. Les premiers commissaires, Keith Spicer en particulier, ne se sont pas contentés de devenir les gardiens des langues officielles, mais ont été les instigateurs de nombreux projets afin de promouvoir l’apprentissage du français au Canada. Les stratégies utilisées sont diverses. En particulier, [End Page 580] un document du commissaire utilise des représentations de des femmes en petites tenues pour expliquer les rouages de la loi. Dans un court métrage, un homme qui demande un service en français a le privilège de faire affaire avec une agente du gouvernement, blonde et sensuelle. « L’exotisme » du français et de la femme québécoise est utilisé par Spicer pour mousser l’attrait du français auprès récalcitrants.

Mais ce livre nous présente également une évolution significative au sein du clo. Si Spicer et Max Yalden, les deux premiers commissaires, ont cherché à vendre l’apprentissage d’une langue seconde, notamment avec des jeux, des bandes dessinées et des activités de toute sorte pour les enfants, D’Iberville Fortier et Victor Goldbloom, leurs successeurs, ont amorcé un important virage vers les droits linguistiques. En effet, le commissaire a progressivement cessé de vanter les mérites de l’apprentissage du français comme langue seconde pour concentrer ses efforts sur l’effet positif du bilinguisme pour l’unité nationale et a mis l’accent sur les droits des Canadiens à obtenir des services dans les langues officielles. L’historien nous montre par exemple que le clo a émis des directives claires et précises selon lesquelles il fallait éviter toute promotion du bilinguisme individuel! Alors que Hayday explique cette transformation par les circonstances politiques qui entourent les nominations de Fortier et de Goldbloom à la tête de l’institution (Fortier est nommé en 1984 et Goldbloom en 1991) et par le contexte économique difficile, il serait intéressant de pousser plus loin les recherches sur le clo pour voir s’il existe d’autres forces citoyennes qui ont motivé cette volte-face. En effet, on se demande si le leadership canadien-français ou québécois aurait eu une part de responsabilité dans ce changement.

Hayday enchaîne sur une étude de l’organisme Canadian Parents for French (cpf), un regroupement de parents qui cherche à promouvoir les programmes d’immersion et l’apprentissage du français comme langue seconde au Canada anglais. L’historien nous démontre comment l’organisme, qui est en partie une création du premier commissaire, Spicer, a facilité la rencontre de Canadiens ayant un intérêt semblable pour le français. Ses recherches dans les archives du groupe, en plus des entrevues avec des activistes, nous montrent une face cachée de l’enjeu linguistique au pays : la participation citoyenne. Hayday réussit à donner à cpf la place qu’il mérite dans l’histoire des langues officielles. Par exemple, cette coalition de parents a, par des « crisis kits », cherché à défendre l’enseignement en immersion et à contrer les campagnes de d...

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