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Reviewed by:
  • Culturas del escrito en el mundo occidental. Del Renacimiento a la contemporaneidad ed. by Antonio Castillo Gómez
  • Guillaume Gaudin
Antonio Castillo Gómez (dir.)
Culturas del escrito en el mundo occidental. Del Renacimiento a la contemporaneidad
Madrid, Casa de Velázquez, 2015, 330 p.

Ce livre est le fruit d’un colloque international qui s’est tenu en 2010 sur l’histoire de la culture écrite. Les dix-huit contributions proviennent de spécialistes de plusieurs disciplines : des historiens – qui dominent l’ensemble –, des paléographes, des linguistes et des anthropologues. La diversité des approches, des formes (essais et études de cas), des espaces considérés (Espagne, Italie, France, Allemagne, Chili), des époques (du XVe au XXe siècle), ainsi que le souci répété d’expliquer les avancées et le positionnement historiographiques, constituent la richesse de cet ouvrage.

Celui-ci se présente comme un bilan d’étape pour un champ d’étude apparu dans les années 1970, qui a ensuite suivi différentes voies et se révèle aujourd’hui prolifique, se tournant vers une histoire toujours plus sociale et moins culturelle. Sans chercher l’exhaustivité, les contributions livrent un panorama des thèmes abordés par l’histoire de l’écrit depuis vingt ans : des désormais bien étudiés ego-documents, écrits du for privé et correspondances, aux recherches plus récentes sur les écrits présents dans le paysage urbain ou sur ceux des analphabètes. Le tout s’attache à produire une anthropologie des pratiques d’écriture et de leurs diverses réceptions dans la société.

L’introduction d’Antonio Castillo Gómez offre au lecteur une mise au point historiographique claire et précise de l’histoire de la culture écrite. De même, l’éclairant article d’Antoine Odier vient rappeler que, s’agissant des pratiques d’écriture personnelles, plusieurs écoles nationales ou disciplinaires ont coexisté en s’ignorant parfois. Les problèmes de traduction des concepts entre le français, l’allemand et l’anglais soulignent un certain malaise à dresser une typologie des documents et des approches. Par exemple, sur la notion d’écriture, deux conceptions s’affrontent : d’une part, le modèle du grand partage de Jack Goody, pour qui l’écriture est modernisatrice et, d’autre part, un modèle relativiste où la valeur de l’écriture dépend du contexte culturel.

Cela posé, trois orientations structurent l’ouvrage. Premièrement, à partir du tournant des années 1970, Armando Petrucci – cité dans presque toutes les contributions – et d’autres paléographes italiens font entrer leur « science auxiliaire » dans les sciences sociales : l’écriture ne peut s’étudier que dans le contexte social, en tenant compte des inégalités d’accès et d’usage de l’écrit, des facteurs qui les favorisent et les expliquent, ainsi que des idéologies et des pratiques qui participent de chaque écriture. En parallèle, les apports de l’anthropologie avec J. Goody et sa literacy peinent à pénétrer la recherche historique.

Deuxièmement, l’histoire du livre (son économie, l’approche sociologique du lectorat, la bibliographie matérielle) entreprise par Roger Chartier et Daniel Roche prend progressivement une place considérable dans le champ historiographique considéré : elle suit la montée en puissance de l’histoire des mentalités, puis des représentations. Dès lors, les études se multiplient autour du livre, des bibliothèques, des librairies, des éditions, des lecteurs, du paratexte, des correspondances, [End Page 510] etc. Les différentes contributions se réfèrent régulièrement à une histoire culturelle du social dans la lignée de R. Chartier : une histoire qui s’intéresse à « l’écriture, [au] texte et [à] ses appropriations multiples » (p. 15), ainsi qu’aux pratiques. Autrement dit, elles soulignent l’efficacité de l’écrit au sens de sa capacité à intervenir et à changer la réalité : sa performativité sociale. Malgré ce cadre heuristique salutaire, A. Castillo Gómez ne cache pas un certain émiettement persistant de cette histoire, pour laquelle « il est indispensable de vagabonder dans différents territoires » (p. 10).

Troisièmement, toujours dans une perspective d’histoire sociale, plusieurs...

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