Abstract

Abstract:

This paper proposes to revisit the intellectual trajectory of Norbert Elias, based on an article published by the sociologist in a local Jewish newspaper in 1929: “On the Sociology of German Anti-Semitism.” It argues that in this seemingly circumstantial article, Elias asserts his decision to favor sociology, which seems to replace and envelop his engagement in the Zionist youth movement Blau-Weiss. This is evident in the article’s somewhat ambiguous final sentence, where Elias presents German Jews with an alternative: collective emigration to Palestine or a lucid vision drawn from a sociological diagnosis of the situation. The present paper also situates this text within the range of analyses of anti-Semitism in 1920s Germany, comparing its approach to Zionism with that of Franz Oppenheimer and contextualizing its relationship to the sociology of Karl Mannheim: Elias was Mannheim’s assistant in Frankfurt and his approach contrasted with the perspective developed in the same period and place by the Frankfurt school. Finally, the paper shows that Elias’ sociological detachment would imperceptibly take the place of the political detachment that had centered on Zionism—a scientific move that implied erasing the political Zionism he had long supported from his memory.

Abstract:

Appuyé sur une lecture du texte d’intervention de Norbert Elias « Sociologie de l’antisémitisme allemand », paru en 1929 dans une revue israélite communautaire, cet article se propose de reconsidérer la trajectoire intellectuelle du sociologue. Il soutient que dans ce texte aux allures circonstancielles Elias thématise le choix qu’il fait en faveur de la sociologie. Cette option vient se substituer à et recouvrir son engagement sioniste dans le mouvement de jeunesse Blau-Weiss, comme le laisse entendre, malgré son ambiguïté, la phrase conclusive de son texte où il présente aux juifs d’Allemagne une alternative : l’émigration collective vers la Palestine ou la lucidité tirée du diagnostic sociologique de la situation. L’article situe d’abord ce texte d’intervention dans la palette des analyses de l’antisémitisme en Allemagne durant les années 1920, en particulier celles de Franz Oppenheimer, dans son rapport au sionisme. Il le situe ensuite dans ce courant de la sociologie mené par Karl Mannheim, dont Elias sera l’assistant à Francfort, dans son contraste avec la perspective développée à la même époque par l’École de Francfort. Enfin, il montre que le geste de distanciation sociologique opéré par Elias viendra imperceptiblement se substituer à la distanciation politique qui avait le sionisme pour pivot, un geste scientifique qui supposait d’effacer définitivement de sa mémoire l’option politique sioniste en faveur de laquelle il avait pourtant longtemps milité.

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