In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Dissent and Revolution in a Digital Age. Social Media, Blogging and Activism in Egypt by David Faris
  • Leyla Dakhli
David FARIS. – Dissent and Revolution in a Digital Age. Social Media, Blogging and Activism in Egypt, Londres, I. B. Tauris, 2013, 267 pages. « Library of Modern Middle East Studies ».

Le livre de David Faris est issu d’une thèse de science politique menée à l’Université Roosevelt et fondée sur une longue recherche de terrain en Égypte. Elle répond à une ambition qui engage d’emblée le projet et le livre dans un dialogue et une filiation reconnaissable : contribuer à une réflexion sur les voies de la démocratisation dans une perspective d’extension de la démocratie dans le monde. En cela, ce livre est le fils, post-révolutions arabes, des théories des democratization studies dont on sait qu’elles ont été au centre de la politique irakienne de George W. Bush, mais aussi de conflits théoriques et personnels après 2003. David Faris propose d’analyser ce qui s’est produit en Égypte pour en extraire « une théorie robuste qui nous aide à comprendre les événements tels qu’ils sont survenus et à faire des prévisions probables pour le futur » (p. 3-4). De manière assez peu surprenante, c’est par son observation des phénomènes survenus en Égypte entre 2005 et 2011 que le livre est le plus intéressant. Car l’analyse ne se contente pas d’observer ce qui se passe sur la toile, mais lie internet à d’autres phénomènes, notamment les mouvements sociaux et les évolutions qui affectent les médias. L’analyse d’internet n’est pas figée et David Faris est soucieux de restituer les évolutions des techniques et des outils à disposition des activistes.

L’analyse séduit également parce qu’elle n’isole pas le moment révolutionnaire égyptien et procède par comparaison avec les mouvements qui l’ont précédé. Elle saisit des moments de mobilisation et tente de comprendre les similarités et les différences avec le moment 2011. Elle démontre ainsi comment se développent des compétences, comment se construit un groupe de média-activistes qui vont jouer un rôle déterminant de « connecteurs » au moment des mobilisations de 2011. Le mouvement Kefaya (« Ça suffit »), coalition réunissant des syndicalistes, des militants des droits de l’homme et des islamistes ; l’épisode de la révélation des cas de harcèlement dans les rues du Caire en 2005 – et la passivité des forces de police face à ces agressions collectives survenues en pleine rue et en plein jour au printemps 2005 ; les réfugiés soudanais et la répression qui les frappe sur la place Tahrir en décembre 2005-janvier 2006 ; la dénonciation des cas de torture et notamment la mobilisation autour du cas du chauffeur de microbus Emad El-Kabir en janvier 2006. Autour de ces différents moments peut s’observer la mise en place d’un groupe efficace d’activistes qui se connectent peu à peu avec les médias et notamment avec de jeunes médias indépendants comme al-Fagr ou Al-Masry al-Youm. Afin d’accroître leur audience, ces militants du net, le plus souvent des individus blogueurs, s’allient et unissent leurs forces. Ils accèdent également à une audience internationale via des sites comme Global Voices (un agrégateur et traducteur de blogs). [End Page 162]

Cette cristallisation de différentes voix et de différents médias sont pour l’auteur des cascades informationnelles (informational cascades), provoquées par des instigateurs. Elles auraient le double effet de rendre plus difficile pour le pouvoir le maintien de son contrôle sur l’information et de rendre possible l’organisation d’actions collectives. Le potentiel multiplicateur des actions initiées sur le net viendrait de la nature même du réseau, qui procède par cascade, mais aussi du profil des instigateurs ou connecteurs, le plus souvent proches des milieux journalistiques ou eux-mêmes journalistes ou photographes ainsi que multilingues et donc capables d’un travail...

pdf

Share