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  • ‘La Sepmaine’ de Du Bartas, ses lecteurs et la science du temps, en hommage à Yvonne Bellenger: actes du colloque international d’Orléans (12–13 juin 2014) éd. par Denis Bjaï
  • Gilles Banderier
‘La Sepmaine’ de Du Bartas, ses lecteurs et la science du temps, en hommage à Yvonne Bellenger: actes du colloque international d’Orléans (12–13 juin 2014). Édités par Denis Bjaï. (Cahiers d’Humanisme et Renaissance, 127.) Genève: Droz, 2015. 284 pp., ill.

Guillaume de Saluste Du Bartas n’est pas un écrivain à qui le monde universitaire consacre plusieurs livres par an et il faut le regretter, tant le personnage est attachant, par son absence de fanatisme au pire des guerres de religion, par sa capacité à s’émerveiller sans trêve devant le spectacle du monde, et tant sa faconde méridionale (les tenants du classicisme le plus strict parleraient de logorrhée) est plaisante. On éprouve une triple gratitude envers Denis Bjaï: d’abord pour avoir publié avec diligence les actes de ce colloque et l’avoir fait de manière très surveillée (on épinglera une formule grotesque: ‘Thomas dans la Somme théologique’(p. 189)); ensuite pour avoir eu l’idée du thème abordé; et, enfin, pour sa propre contribution. Le sujet retenu est d’un grand intérêt, car La Sepmaine de Du Bartas offre l’occasion rare d’étudier les rapports entre science et littérature, deux domaines fondamentaux de l’esprit humain, qui pourraient s’opposer comme s’opposent la vérité et le mensonge, si l’on ne savait que la science est également idéologie et qu’Aristote a fait de la fiction une des modalités du vrai. La question des rapports entre science et littérature forme un domaine à part, car les ‘têtes’ littéraires ignorent en général les sciences (l’inverse n’étant pas vrai). Dans un entretien désabusé, George Steiner reprochait aux écrivains de mépriser les défis auxquels se mesuraient les savants. La Renaissance ignorait nos limitations (ou, plus exactement, elle en avait d’autres) et l’œuvre de Du Bartas apparaît comme un creuset où poésie, science et foi se sont mêlées. Imprimée à des dizaines de milliers d’exemplaires, La Sepmaine fut peut-être moins souvent lue comme un poème que comme une agréable encyclopédie. Les communications réunies dans ce volume sont de qualité et abordent l’astrologie, l’ornithologie, la médecine, l’anthropologie ou la théologie (des esprits forts pourraient faire observer que la théologie n’est pas une science, puisqu’elle crée son propre objet, dont il n’est pas sûr qu’il existe en dehors du discours qu’on lui consacre). Une discipline est curieusement absente: le droit—alors que Du Bartas était juriste de formation. Tous ceux qui s’intéressent à Du Bartas et à la‘poésie scientifique’ (une notion délaissée, que ce volume contribue à réactiver) trouveront leur bonheur dans ce volume. J’aimerais attirer l’attention sur la communication de Bjaï, sur l’ichtyologie. Le ‘vocabulaire ichtyologique de Du Bartas’ avait été étudié voici plus d’un demi-siècle par une véritable ‘tête’ scientifique à l’ancienne mode, Théodore Monod, qui avait consacré à son coreligionnaire une étude à la suite de laquelle on pouvait à bon droit considérer le sujet comme enterré (voir Monod, ‘Notes sur le vocabulaire ichtyologique de Du Bartas (1578)’, Revue des sciences humaines (1965), 5–27). Bjaï l’a repris et a bien fait, puisqu’il a apporté des éléments nouveaux, prouvant ainsi que La Bruyère n’avait pas raison, lorsqu’il écrivait que tout a déjà été dit et que l’on vient trop tard.

Gilles Banderier
Bâle
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