In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle par Laurent Joly
  • Edward Ousselin
Naissance de l’Action française: Maurice Barrès, Charles Maurras et l’extrême droite nationaliste au tournant du XXe siècle. Par Laurent Joly. Paris: Grasset, 2015. 384 pp.

Cas paradoxal, bien que l’Action française ait été‘le mouvement d’extrême droite le plus important et influent de la première moitiédu XXe siècle’ (p. 11), ‘les circonstances de sa naissance et les conditions de son émergence’ sont mal connues (ibid.). L’étude de Laurent Joly est divisée en deux sections principales: ‘L’Impasse du nationalisme césarien, 1898–1900’ (courte période durant laquelle le nouveau mouvement est sous l’égide intellectuelle de Maurice Barrès) et ‘Charles Maurras et la conquête royaliste de l’Action française’. Une fois sous la mainmise de Maurras, l’Action française, initialement fondée par Henri Vaugeois et Maurice Pujo en tant qu’instrument de lutte antidreyfusarde, deviendra un mouvement monarchiste, porteur de la doctrine du nationalisme intégral. S’appuyant sur une documentation impressionnante, le livre de Joly éclaire donc les débuts de ce qui sera plus tard appelé le ‘maurrassisme’. L’ouvrage inclut de nombreux détails biographiques sur ceux qui gravitaient autour de ce qui n’était encore qu’un groupuscule. Notons au passage que Barrès—qui bien que proche de Maurras refusa d’adhérerà sa doctrine monarchiste—était par ailleurs membre de la Ligue de la Patrie française ainsi que de la Ligue des patriotes de Paul Déroulède (auquel il a succédé en tant que président en 1914). En ce qui concerne Maurras, Joly constate que ses handicaps initiaux (surdité, manque d’assurance en public), qui auraient dû l’empêcher de jouer un rôle politique de premier plan, étaient compensés par l’autorité intellectuelle qu’il savait exercerà travers ses écrits et au niveau interpersonnel. C’est par la rigueur de son argumentation, par l’apparente cohésion de son idéologie ultra-nationaliste et par sa détermination sans faille que Maurras a pu ‘convertir’ à sa version du monarchisme une partie non négligeable de la droite plus traditionnelle, réussissant ainsi ‘làoù Barrès a échoué: instituer une école politique, un groupement autour de ses idées’ (p. 157). La seconde partie du livre est consacrée auxétapes de cette réussite organisationnelle, y compris le rôle—ou ce que nous appellerions de nos jours le coup médiatique—de l’Enquête sur la monarchie (juillet–novembre 1900) de Maurras, qui avait ‘pour objet de démontrer la nécessité d’une “dictature royaliste”, seule à même de permettre à la France de surmonter la crise dreyfusienne’ (p. 210). Pour le théoricien du nationalisme intégral, la consolidation de son emprise sur l’Action française et l’élaboration de son magistère intellectuel constituaient des processus complémentaires, se renforçant mutuellement: ‘L’entreprise maurassienne implique d’emblée l’exclusion impitoyable de toute autre interprétation de la monarchie que la sienne’ (p. 302). Selon Joly, c’est durant l’été 1901 (et en particulier lors de la conférence du 12 juin) que se situe l’étape décisive de la ‘conversion’ au monarchisme des principaux dirigeants de l’Action franaise. Resté fidèle à sa conception césariste qui acceptait la République comme un fait historique irréversible, Barrès ne put que prendre ses distances vis-à-vis d’un mouvement désormais acquis aux thèses de Maurras. D’une écriture limpide, l’analyse méticuleuse de Joly permet de mieux comprendre comment le maurassisme a pu attirer et fanatiser tant d’adeptes. [End Page 636]

Edward Ousselin
Western Washington University
...

pdf

Share