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  • Libertinage et Lumières: André-François Boureau-Deslandes (1689–1757) par Elisabetta Mastrogiacomo
  • Sébastien Drouin
Libertinage et Lumières: André-François Boureau-Deslandes (1689–1757). Par Elisabetta Mastrogiacomo, avec une préface de Gianni Paganini. (Libre pensée et littérature clandestine, 61.) Paris: Honoré Champion, 2015. 332 pp., ill.

À la simple lecture du titre de cet ouvrage, l’amateur d’auteurs libertins du dix-huitième siècle pourra se demander comment il est possible d’apporter quoi que ce soit de neuf aux monographies de Rolf Geissler et de Jean Macary consacréesà André-François Boureau-Deslandes. Macary a si bien fouillé la vie et l’œuvre de cet auteur qu’on arrive à peine à saisir l’intérêt d’une monographie qui adopte en plus la même approche de la ‘vie et de l’œuvre’ de Boureau-Deslandes, lequel a, de surcroît, bénéficié d’une importante re-lecture critique par la recherche dix-huitiémiste ces cinquante dernières années. L’ouvrage d’Elisabetta Mastrogiacomo, issu de sa thèse de doctorat, est néanmoins bien ficeléet [End Page 603] repose sur une grande connaissance tant de la littérature critique que des œuvres de Boureau-Deslandes. Plusieurs textes de Boureau-Deslandes ont souvent été étudiés ces dernières années, qu’il s’agisse des Réflexions sur les grands hommes morts en plaisantant, de l’Histoire critique de la philosophie ou de Pigmalion, ou, La statue animée. Il fallait, passage obligé, s’attarderàl’héritage épicurien et à la philosophie matérialiste, deux aspects essentiels de l’œuvre de Boureau-Deslandes. L’auteur résume et analyse bien ces questions au demeurant fort connues. Une longue section est sans surprise consacrée à l’Histoire critique de la philosophie. La mise en contexte de la parution de l’ouvrage est fort intéressante en ce qu’elle ne s’attarde pas seulement à l’Historia critica philosophiae de Brucker, mais aussi à d’autres textes des dix-septième et dix-huitième siècles s’apparentant à l’histoire de la philosophie. Les principales articulations du grand œuvre de Boureau-Deslandes sont synthétisées de façon à ce que le lecteur puisse avoir une idée précise du contenu de l’Histoire critique de la philosophie. On doit savoir gréà l’auteur d’avoir également fait le point sur une erreur d’attribution du texte De la certitude des connoissances humaines souvent attribuéà Boureau-Deslandes dans les catalogues de bibliothèque, même si John L. Carr avait déjà mis en évidence ce problème dans son article, ‘A Curious Eighteenth-Century Translation’ (Modern Language Review, 55 (1960), 574–77). Le chapitre sur les sciences, les techniques et les philosophies de la nature, essentiellement consacréau Recueil de différents traités de physique et d’histoire naturelle (1736, 1748, 1753) est sans doute le plus propre à proposer de nouvelles lectures de l’œuvre de Boureau-Deslandes. On ne peut manquer de constater à quel point Boureau-Deslandes fut un encyclopédiste avant la lettre, comme le montrent bien les nombreuses planches de ses ouvrages reproduites par Mastrogiacomo. Cette thèse sur Boureau-Deslandes, érudite et bien écrite, saura éclairer les néophytes de même que les spécialistes du siècle des Lumièresà la recherche d’études récentes sur Boureau-Deslandes. Sans être vraiment innovatrice, elle a toutefois le mérite d’être consacréeà l’œuvre complexe et foisonnante d’un des minores les plus attachants du dix-huitième siècle.

Sébastien Drouin
University of Toronto
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