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  • Théophile Gautier, écrivain et voyageur par François Brunet
  • Leisha Ashdown-Lecointre
Théophile Gautier, écrivain et voyageur. Par François Brunet. (Romantisme et modernités, 149.) Paris: Honoré Champion, 2014. 504 pp., ill.

Le titre de cet ouvrage met l’accent sur l’aspect viatique de l’œuvre de Théophile Gautier, écrivain qui a beaucoup voyagé pour son époque. Pour la première fois dans la critique littéraire de Gautier, tous ses écrits viatiques sont soumis à l’étude. Dès les premières pages de l’ouvrage, François Brunet se propose de faire sortir cette vaste œuvre viatique de l’oubli du début du vingtième siècle, afin d’évoquer les liens entre ces voyages et leurs rapports avec l’œuvre mieux connue de Gautier, ‘ses romans, sa poésie, son théâtre, son œuvre de critique et d’esthéticien’ (p. 11). Brunet cherche à faire connaître cette corde mal connue de l’arc littéraire étendu de Gautier. Alors que Voyage en Espagne et Voyage en Égypte sont célèbres, Brunet veut aller au-delà du connu pour faire découvrir les nombreux déplacements décrits par Gautier dans plusieurs pays européens, asiatiques et africains. Ces excursions multiples, qui sont tracées dans la première partie de l’ouvrage et reprises sous forme de tableau en annexe 1, commencent en 1836 quand l’auteur a vingtcinq ans et continuent jusqu’à l’année de son décès en 1872. Même s’il réside à Paris à partir de l’âge de trois ans, Gautier s’identifiera tout au long de sa vie avec sa ville natale, Tarbes. Son amour du ciel bleu fera de lui un voyageur hardi à la recherche des grands espaces, capable de supporter les grosses chaleurs dans les pays du sud. Voyageur aguerri, il est décrit comme ‘endurant et patient, doté d’un estomac d’autruche, maître de luimême, et ne manifestant jamais de mauvaise humeur’ (p. 342). Toujours à la recherche de couleur locale, Gautier aime le dépaysement. Comme le montre Brunet dans la deuxième partie de son étude, Gautier embrasse les différences locales avec enthousiasme, condamnant par exemple les Anglais pour leur incapacité à s’adapter aux coutumes locales, notamment la nourriture des pays qu’ils visitent. Lorsqu’il se rend en Angleterre, il a à cœur de découvrir le patrimoine artistique du pays, et non pas de décrire ses visites ou de s’attarder sur des portraits stéréotypés du peuple. Dans une troisième et dernière partie traitant de la poétique du récit, Brunet note que Gautier en autocritique n’estime pas ‘ses récits de voyage qu’il considérait surtout comme un complément à ses travaux de journaliste’ (p. 365). Alors que Gautier se considère comme un voyageur médiocre, Brunet appuie le caractère très nuancé de son écriture pleine de descriptions poétiques. Tout compte fait d’après Brunet, il s’agit dans ces écrits d’‘une recherche du Beau’ (p. 457). Gautier veut engager le lecteur, à en appeler à son expérience et à sa culture par ses ‘incessantes références à des œuvres d’art, picturales la plupart du temps, tableaux, gravures, décors de théâtre’ (p. 386). Les paysages linguistiques dressés par Gautier mélangent réalisme, poésie et peinture pour capturer l’essence subtile de ce qu’il constate. Cet ouvrage a le double mérite de lever un pan sur une partie peu étudiée des écrits de l’auteur et de [End Page 607] tisser cette maille plutôt méconnue dans la belle étoffe qu’est l’œuvre de Théophile Gautier.

Leisha Ashdown-Lecointre
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II
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