Abstract

Résumé:

Qu’en est-il donc de Marguerite Duras et du romanesque? On sait que l’écrivaine n’a jamais rougi d’exploiter les poncifs les plus rebattus de la littérature de quatre sous: les triangles amoureux, les femmes fatales et les coups de foudre sont autant de motifs qu’elle ressasse inlassablement dans ses œuvres. Afin de chasser ce spectre gênant du roman populaire, plusieurs critiques se sont appliqués à montrer les entorses que l’auteure lui fait subir. Selon ces lecteurs, Duras ne mobiliserait les tropes du roman de gare que pour mieux démonter les mythes qu’il véhicule. Mais suffit-il de dépister ce leurre pour que se dissipe le ‘malentendu’ qui pèse sur l’œuvre? Ce n’est pas sûr. Car si l’écrivaine s’ingénie à éviter l’écueil du kitsch en rusant avec les codes qu’elle reproduit, elle ne les tourne pas pour autant en dérision. C’est justement ce refus de l’ironie qui constitue une part indéniable de son génie et du plaisir qu’on prend à la lire. En nous concentrant ici sur deux clichés du roman rose que Duras revivifie à sa manière singulière—le coup de foudre et le désir de mourir d’amour—, nous examinons le rapport décidément ambivalent que son œuvre noue à la littérature de grande consommation.

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