Abstract

RÉSUMÉ:

Au chapitre « Abus de la société » du Tableau de Paris (1781–88), Louis Sébastien Mercier (1740–1814) critique l’aplanissement des relations entre les hommes et les femmes et la mollesse des rapports amoureux, dont l’un des symptômes serait l’absence de violence physique entre les amants. En gros, il déplore que les hommes ne battent plus leur maîtresse. Ces propos aberrants, irrecevables aujourd’hui, mettent en jeu beaucoup plus que des considérations sur la place de la femme: ils dialoguent avec un vaste ensemble discursif qui va du débat sur les passions à l’esthétique du sublime, en passant par la critique de la civilité et par l’imaginaire viril. Mercier tisse au sein de son œuvre un large réseau de représentations où l’équilibre s’oppose à la démesure passionnelle, la galanterie à l’amour authentique, la féminisation de la société à la vertu virile et le joli au sublime. Ses réflexions sur la violence amoureuse s’inscrivent dans ce vaste discours et débouchent sur la revendication d’une esthétique de la force qui mesure la qualité littéraire par la violence des affects mis en circulation.

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