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  • Jules Abadie. Itinéraire d’un médecin devenu ministre et maire d’Oran by Alfred Salinas
  • Claire Fredj
Jules Abadie. Itinéraire d’un médecin devenu ministre et maire d’Oran Alfred Salinas Paris: L’Harmattan, 2015, 262 p., €27

Originaire de Blaye en Gironde, issu d’une famille caractéristique des « couches nouvelles » valorisées par Gambetta (grand-père instituteur, père professeur), Jules Abadie, né en 1876, effectue de brillantes études à la faculté de médecine de Montpellier. Renonçant à passer l’agrégation, il se présente au concours de recrutement pour l’hôpital civil d’Oran, ville où il s’installe en 1904 avec sa femme Hélène Feyguine (1875–1962), d’origine russe, également docteur en médecine de l’Université de Montpellier.

C’est dans cette ville qu’il fera carrière, acquérant rapidement la réputation d’un excellent chirurgien. Outre son travail à l’hôpital civil d’Oran dont il devient chirurgien en chef en 1907, il ouvre une clinique, épaulé par sa femme. Réformé en 1896, il s’engage néanmoins lorsque la Première Guerre mondiale éclate, exerçant la chirurgie de guerre à partir de 1915 à Sainte-Menehould dans la Marne, puis à Paris où son épouse travaille également comme chirurgien. Démobilisé en 1919, il revient à Oran où, praticien reconnu de la chirurgie gastrique, il se fait connaître en métropole comme à l’étranger, contribuant à faire de la ville une « place forte de la médecine française » (110). Son réseau de relations s’étend notamment au Maroc où il fréquente le maréchal Lyautey. En 1936, à 60 ans, il prend sa retraite, n’exerce plus mais continue de participer à des congrèsdemédecine, demeurant suffisamment présent dans le milieu pour présider le 53e Congrès de chirurgie en 1950. [End Page 577] Surtout, il parcourt le monde, tenant des conférences nombreuses en Europe, en URSS et en Amérique latine, se faisant l’ambassadeur de la France et de l’Algérie pour laquelle il vante les « aspects positifs » de la présence française.

Libre-penseur, membre de la Ligue de l’Enseignement, d’abord proche des socialistes et des solidaristes, il évolue dès avant 1914 vers le radicalisme et le nationalisme. Un temps délégué financier (1907–10), il investit de différentes manières l’espace social oranais, devenant rapidement un notable de la société coloniale, une position confortée par son statut de propriétaire terrien: outre sa maison de ville, il possède un vignoble près d’Arzew et une ferme d’une cinquantaine d’hectares dans la proche banlieue d’Oran et s’implique, à partir des années 1920, dans l’organisation du monde agricole du département.

La guerre l’amène à jouer un nouveau rôle politique. Sans se rallier au maréchal Pétain, il ne condamne pas non plus ouvertement la politique de l’État français et, alors que sa famille proche compte plusieurs résistants, il se tient éloigné des réseaux gaullistes. Aprèsle débarquement américain et l’arrivée au pouvoir du général Giraud avec qui il s’est lié d’amitié, Abadie est nommé au poste de secrétaire de l’Intérieur en mars 1943, un ministère aux attributions très larges qui a à traiter de questions aussi sensibles que la politique d’épuration ou le rétablissement du décret Crémieux. Lorsque Giraud démissionne de la coprésidence du Comité français de Libération nationale en novembre, il perd son poste. Le général de Gaulle le charge néanmoins d’une mission officielle aux États-Unis et au Canada afin d’y étudier les systèmes d’hygiène et d’assistance sociale. S’occupant à nouveau de santé publique, il contribue à l’introduction en Algérie d’un nouveau vaccin contre le typhus et préside la Commission antipaludique qui travaille avec l’Institut Pasteur d’Alger. Maire par intérim d’Oran en 1948, il meurt cinq ans plus tard.

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