In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Et Samuel Hahnemann inventa l’homéopathie : la longue histoire d’une médecine alternative by Olivier Faure
  • Alexandre Klein
Et Samuel Hahnemann inventa l’homéopathie : la longue histoire d’une médecine alternative
Olivier Faure
Paris : Aubier, 2015, 395p., €24

Spécialiste de l’histoire sociale de la médecine et de la santé, l’historien français Olivier Faure, professeur à l’université Jean-Moulin Lyon III, revient dans ce nouvel ouvrage sur un sujet auquel il s’intéresse depuis plusieurs années et à propos duquel il a déjà publié plusieurs travaux1 : l’homéopathie. Parcourant, comme le signale le sous-titre, la longue histoire de cette médecine alternative, il entend en retracer l’évolution depuis sa naissance à la fin du 18e siècle jusqu’à nos jours. Ultime synthèse sur l’histoire de l’homéopathie, ce volume en étudie avec attention les développements en Allemagne, en France, ainsi qu’en Europe et dans le reste du monde où elle est pratiquée. En près de 400 pages, c’est donc un panorama particulièrement complet et brillant de l’histoire de cette école médicale persistante bien que marginale que nous propose Olivier Faure, insistant, comme à son habitude, sur les conditions sociales de cette aventure.

Après avoir retracé le parcours atypique de Samuel Hahnemann (1755–1843), médecin allemand des Lumières ayant traversé une bonne partie de l’Europe avant de finir sa vie à Paris, Faure détaille la manière dont s’est construite son image de messie qui attira à lui tant d’adeptes et de fervents disciples. Mais, dès le quatrième chapitre, Faure, affirmant l’impossibilité de réduire l’histoire de l’homéopathie à ces parcours personnels, entame l’étude des conditions sociales et scientifiques qui en ont permis le développement. L’homéopathie est, en effet, « aussi une théorie médicale qui prend naissance dans la médecine de son temps » (75) et dont l’histoire ne peut être séparée de celle du reste de la médecine.

À une époque où les systèmes sont légion, sans parvenir à unifier et à organiser la pratique médicale, l’homéopathie sort du lot en offrant à la fois une approche foncièrement empirique et une théorisation simple ancrée dans l’observation. Seulement, dans le même moment, l’affirmation de la médecine comme profession engage une chasse aux charlatans et aux approches hétérodoxes dont l’homéopathie va pâtir. Au point que, dès 1835, l’Académie de médecine de Paris prononce la première condamnation officielle de cette doctrine. Puisque le corps médical la rejette, c’est au public que l’homéopathie va alors s’adresser en développant une dimension idéologique forte, apte à la faire rejoindre l’opinion publique, mais néanmoins irréductible à une idéologie politique particulière. Des socialistes aux catholiques « intégraux », l’homéopathie atteint en effet un [End Page 254] public vaste et diversifié, notamment grâce à la publicité et aux nombreuses brochures et ouvrages qui lui sont consacrés par ses défenseurs.

Bien que l’homéopathie se fasse donc connaître dans les hautes sphères de la société, l’étude de la clientèle des homéopathes européens démontre que « tout le monde est susceptible un jour ou l’autre de recourir à cette discipline » (184). Le médecin homéopathe est pour la majorité de ses malades, en ce 19e siècle, un simple médecin de campagne ou de quartier. Minoritaires et décriés, les homéopathes restent éloignés de la réalité hospitalière, d’autant plus que leurs démarches pour ouvrir des structures qui leur seraient propres restent souvent lettres mortes. Dans ces conditions difficiles, l’homéopathie survit grâce à un noyau de militants et un intérêt « sans doute passager mais toujours renouvelé » (223) d’une partie de l’opinion. Mais les conflits sont nombreux et agitent les adeptes de ce qui est en train de devenir une véritable secte...

pdf

Share