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  • Sciences et savoirs sous Charles V by Olivier Bertrand
  • Bernard Ribémont
Sciences et savoirs sous Charles V. Textes réunis et présentés par Olivier Bertrand; contributions de Dominique Ancelet-Netter. (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge, 20.) Paris: Honoré Champion, 2014. 443pp., ill.

L’ouvrage se présente comme un recueil de dix-huit articles qui ont été regroupés en quatre parties. Il s’agit ici de s’interroger — une fois de plus dira-t-on — sur le climat intellectuel du règne de Charles V. L’ouvrage est inauguré par une belle contribution de Serge Lusignan qui, depuis des années, se penche sur la langue de cette époque, en particulier le français diplomatique et juridique, et ses relations avec le picard et l’‘anglo-français’. Peu à peu, au fil de ces études, se dessine la silhouette de plus en plus précise d’une langue ‘mixte’ qui, de ce point de vue, bouleverse bien des idées reçues sur le ‘moyen français’. La contribution d’Aude Mairey, pour fort intéressante qu’elle est, me paraît cependant un peu hors du sujet proposé, à moins de considérer que le titre du recueil n’est pas tout à fait adapté: ‘sous Charles V’, en effet, est différent d’un ‘dans le siècle de Charles V’, qui permet un élargissement géographique et linguistique. Si on n’est peut-être pas pleinement convaincu par la contribution sur la traduction de la Politique de Nicole Oresme (voir Le Livre de politiques d’Aristote, Published from the Text of the Avranches Manuscript 223, Transactions of the American Philosophical Society, 60 (1970)), il semblerait que les études sur Raoul de Presles contribuent à mieux éclairer l’œuvre de ce dernier, qui est encore insuffisamment étudiée, tant elle est riche en elle-même et par son influence sur bien desécrivains de l’époque. On note entre autres la contribution de Béatrice Stumpf qui, au demeurant, s’articule bien avec la première partie de ce recueil, sur la langue comme support d’un donné scientifique. Isabelle Védrennes-Fajolles offre une très bonne synthèse, même si on peut reprocher à cet article qu’il n’y a pas de grandes avancées par rapport à ce qui est connu sur l’utilisation du français comme langage scientifique, et on appréciera la bibliographie jointe à cet article. Le texte de Sabine Lehmann, avec son ‘attaque’ littéraire et linguistique du texte scientifique, offre une méthodologie très intéressante. Les études sur les textes économiques d’Oresme n’ont pas suscité assez de travaux depuis la fameuse thèse d’Émile Bridrey. On sera donc reconnaissant à Olivier Bertrand d’avoir inséré deux contributions sur cette question dans le recueil. La première porte sur un point précis (‘l’effort de guerre’) et la seconde, plus large et théorique, met en regard ‘science’ et ‘sapience’ — approche originale, car si la critique a bien souvent considéré la sapience, surtout autour de Charles V (le ‘roi sage’), elle ne l’a pas vraiment fait dans le champ des sciences économiques. La dernière partie a le mérite de souligner encore l’intérêt qu’il y a de mettre en regard des perspectives scientifiques, savantes, avec la littérature. On pourra reprocher un certain disparate à cette partie, mais c’était sans doute inévitable.

Bernard Ribémont
Université d’Orléans
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