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Reviewed by:
  • La Grande Guerre: une histoire culturelle ed. by Philippe Poirrier
  • Edward Ousselin
La Grande Guerre: une histoire culturelle. Sous la direction de Philippe Poirrier. (Histoires.) Dijon:Éditions universitaires de Dijon, 2015. 300pp., ill.

Qu’un conflit aussi meurtrier et dévastateur que la Première Guerre mondiale puisse faire l’objet d’études culturelles constitue le postulat de base de ce recueil de seize articles, postulat qui se révèle moins paradoxal qu’il n’y paraît au premier abord. Dans son Introduction, Philippe Poirrier désigne ainsi les deux pistes de recherches qui structurent les deux principales parties du livre: ‘Comment les acteurs, essentiellement des mondes de l’art et de la culture, ont-ils vécu, à l’arrière comme au front, la Grande Guerre? Comment la culture matérielle, notamment les artefacts et objets culturels, a-t-elle été marquée par ce conflit?’ (p. 14). La première partie regroupe des articles consacrés successivement à la Grande Guerre des journalistes, des écrivains, des scientifiques, des sportifs, des artistes, des musiciens, des urbanistes et — de façon moins prévisible — des couples. Quant à la seconde partie, elle aborde ce qui a été produit par et à travers la guerre: les mots, les chansons, les images, mais aussi le bricolage (et autres moyens de passer le temps durant une guerre de positions), le patrimoine, les monuments et commémorations. Ces deux parties sont précédées par deux articles qui situent les enjeux d’une ‘histoire culturelle’ de la Grande Guerre. Henri Mazurel récapitule les principales évolutions des études historiques sur la guerre telle qu’elle a été vécue par les combattants, et en particulier les débats souvent vifs entre ce qu’on pourrait appeler l’école du ‘consentement’ [End Page 454] et celle de la ‘contrainte’. Comme le rappelle Mazurel, ‘envisager la guerre sous l’angle du culturel, c’est privilégier une approche ethno-anthropologique des sociétés combattantes’ (p. 20). Nicolas Mariot, quant à lui, insiste sur le fait que pour la plupart des soldats, la guerre inclut ‘de longues périodes d’ennui passées à ne rien faire’ (p. 46). Le temps qui n’est pas consacré aux combats ou à leurs préparatifs peut ainsi devenir un intervalle pesant et anxiogène, constitué d’inaction et d’attente: ‘Avec le côtoiement de la mort de masse, c’est l’une des premières leçons de cette guerre imprévue: elle impose de savoir gérer son “cafard” dans un temps immobile’ (p. 46). Puisqu’il est impossible de mention-ner ici tous les articles, ceux des auteurs suivants m’ont semblé particulièrement intéressants: Nicolas Beaupré, qui prend en considération les écrivains allemands et britanniques, aussi bien que français; Paul Diestchy, qui étudie l’impact de la guerre sur les diverses associations sportives ainsi que l’utilisation du vocabulaire du sport dans le reportage (et la propagande) de guerre; Clémentine Vidal-Naquet, qui rappelle que la séparation de cinq millions de couples français entre 1914 et 1918 était bien un ‘phénomène social’ (p. 163); Odile Roynette, qui fournit un aperçu de l’impact du conflit mondial sur le vocabulaire quotidien; Bertrand Tillier, qui examine la variété inattendue des objets confectionnés par les soldats.

Edward Ousselin
Western Washington University
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