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  • Les Audiences de Thalie: la comédie allégorique, théâtre des idées à l’âge classique by Martial Poirson
  • Irene Aguilá-Solana
Les Audiences de Thalie: la comédie allégorique, théâtre des idées à l’âge classique. Par Martial Poirson. (Lire le xviie siècle, 22.) Paris: Classiques Garnier, 2013. 835pp., ill.

Martial Poirson, grand spécialiste de littérature française, histoire et esthétique théâtrale, propose dans ce livre une approche pluridisciplinaire de l’allégorie théâtrale en mêlant la théorie littéraire, l’histoire, l’iconologie, les arts du spectacle, la rhétorique, l’anthropologie, la psychanalyse, les sciences sociales, la communication et l’esthétique. Cette étude, qui puise son titre d’un opéra-comique de Carolet (1734) et d’un autre de La Harpe (1782)—intitulés tous les deux Les Audiences de Thalie —est un parcours essentiellement centré sur l’allégorie théâtrale aux dix-septième et dix-huitième siècles. Poirson adopte, pour plus de clartédémonstrative, la définition la plus large possible de l’allégorie. Afin de saisir les implications esthétiques et idéologiques dans toute leur ampleur, il retrace l’héritage médiéval et renaissant mais aussi l’influence des pratiques rhétoriques et picturales dans le renouvellement de l’allégorie théâtrale à l’âge classique. À rebours de ce qu’il est convenu d’appeler la dramaturgie classique, l’auteur montre que l’allégorie investit la quasi-totalité des genres comiques constitués (opéra-comique et prologue, petite comédie à tiroirs ou épisodique, parade, ballet, pantomime, parodie, divertissement, intermède, etc.) et qu’elle adopte les déclinaisons dramatiques les plus diverses (nécromancie, prophétie, uchronie dramatique, comédie à audiences ou à autodafé, etc.). La pensée critique moderne est aussi au centre de cet ouvrage car Poirson examine la dialectique de l’ambivalence allégorique telle qu’on la retrouve parmi les nouvelles perspectives d’interprétation dans le domaine de la politique ou de la publicité. Par rapport au style, la rédaction de cet essai est parfois excessive. Une interrogation qui se prolonge le long de six lignes confond plus qu’elle n’éclaircit; des phrases qui comptent dix, treize, dix-sept lignes et demie compliquent la compréhension. Autre regret: quelques coquilles et quelques inadvertances dans la ponctuation (inattention dans l’usage de virgules, et une parenthèse qu’on oublie de fermer). En ce qui concerne la structure de cette monographie, elle est assez complexe. Certes il n’en pouvait pas être autrement tenant compte de l’ampleur de l’étude (l’enquête porte sur un corpus de plus de 300 comédies) et du nombre de pages du volume. Sans ce minutieux classement en parties, chapitres et sections, il serait parfois difficile de cerner le filon d’information contenu dans l’essai. Un autre des atouts de l’ouvrage est la présence constante de l’auteur au fil des chapitres, qu’il entame par une introduction succincte avançant l’objectif et le déroulement de chacun d’eux, et qu’il clôt en résumant les idées principales soutenues auparavant. Ces encadrements, ainsi que la ‘conclusion provisoire’ située à la fin de chacune des deux parties du volume (pp. 329 et 593), se révèlent d’un grand intérêt de par leur caractère synthétique. Poirson a le souci du détail et donne des titres engageants aux divisions de son étude. Certains ont l’air d’un jeu de mots (‘Tropisme d’un trope’, p. 111) ou font des clins d’œil à des références culturelles variées (‘Aux larmes, Citoyens!’, p. 503; ‘Retour vers le futur et projection allégorique’, p. 541); d’autres posent une question au lecteur, l’invitant à s’investir dans le texte (‘Comédie allégorique ou comédie à allégories?’, p. 19). Néanmoins quelques-uns de ces titres s’avèrent plutôt cryptiques à cause de leur formulation (‘L’Ombre au silence’, p. 435;‘Opération de falsification des systèmes d’accréditation...

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