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  • Les Variations linguistiques dans la littérature et le cinéma contemporains ed. by Fabrizio Impellizzeri
  • Michaël Abecassis
Les Variations linguistiques dans la littérature et le cinéma contemporains. Sous la direction de Fabrizio Impellizzeri. (Rencontres, 123; Linguistique, 1.) Paris: Classiques Garnier, 2015. 192+ pp.

Ce volume, paru dans une série consacrée à la linguistique, est un recueil d’articles rédigés par des universitaires français et italiens. Il propose, comme le titre le souligne, une réflexion sur les différents aspects de la variation, qu’elle soit diastratique, diaphasique ou [End Page 474] diatopique, à travers la littérature et le cinéma français contemporains. Les contributions s’intéressent tout particulièrement à l’aspect phonologique, grammatical, discursif et lexical de la langue. Divisé en trois sections uniformes regroupant chacune trois articles, l’ouvrage analyse des corpus écrits et oraux en portant une attention particulière à leurs formes vernaculaires. L’ouvrage ne manque pas d’intérêt et sera un outil précieux pour le linguiste et l’étudiant de français. Toutefois, on peut se demander si son titre est adapté. Ce recueil ne propose en fait qu’une analyse très sommaire du cinéma français, pour s’intéresser davantage à lalittérature. Seule la dernière partie, soit un tiers du livre, est consacrée au domaine cinématographique. Ensuite, l’adjectif ‘francophone’ n’eût-il pas été préférable à ‘français’, dans la mesure où les articles insistent sur la pluralité des français (les formes régionales, le français au Rwanda, au Liban, au Québec notamment) et non pas seulement sur le français de l’Hexagone? Fabrizio Impellizzeri ne déclare-t-il pas dès l’Introduction: ‘le cinéma “français” n’est donc plus simplement français mais aussi et surtout francophone’ (p. 15)? Il est difficile de déceler, dans ce qui semble être le fruit d’actes de colloque, une cohérence entre les contributions. Celles-ci passent sans transition, dans le volet intitulé ‘Les Voix en marges’, de la littérature dite des banlieues à la chanson réaliste, puis aux témoignages recueillis sur les massacres au Rwanda. Ensuite, le volume aurait gagné à définir plus systématiquement des expressions telles que ‘français standard’, ‘français moyen’, ‘français soutenu’ ou encore ‘vernaculaire’. Les notions d’authenticitéet de réalisme demeurent également floues et auraient nécessité une définition plus explicite, d’autant que le regard de l’auteur et du cinéaste est souvent ‘esthétisant’ (p. 135). On peut regretter également le manque de références anglo-saxonnes dans la bibliographie: de nombreuses études linguistiques et sociolinguistiques sur le cinéma francophone ont en effet été menées outre-Manche et à l’étranger. Mis à part ces lacunes, l’ouvrage constitue une somme d’analyses fort intéressantes pour l’étudiant et le chercheur sur les métissages des langues et des idiomes dans le monde francophone. Il engage de surcroît la discussion sur les choix linguistiques des scénaristes et dialoguistes, les stéréotypes associés à la mise en scène, et les alternances diglossiques à l’œuvre dans le cinéma contemporain, ce qui fournit un matériau inépuisable pour l’étude des faits de langue. De plus, le récit filmique participe du changement social et de la construction d’identités plurielles: il est ainsi le reflet d’une langue française en perpétuelle métamorphose et le témoin des malaises de la société moderne.

Michaël Abecassis
University of Oxford
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