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  • Une reine épistolaire: lettres et pouvoir au temps de Catherine de Médicis by Matthieu Gellard
  • Cynthia Skenazi
Une reine épistolaire: lettres et pouvoir au temps de Catherine de Médicis. Par Matthieu Gellard. (Bibliothèque d’histoire de la Renaissance, 8.) Paris: Classiques Garnier, 2014. 735pp., ill.

De sa régence en 1559 à sa mort en 1589, Catherine de Médicis participe activement à la politique extérieure des derniers Valois par son intense activité épistolaire. Ses milliers de lettres constituent un discours du gouvernement sur lui-même et contribuent à la construction de l’identité de la reine, mettant en valeur son rôle auprès du roi à une époque de troubles civils. Le livre de Matthieu Gellard envisage à cet effet l’État comme un vaste réseau épistolaire pour examiner les moindres aspects de la prise de décisions dans les [End Page 427] affaires étrangères. La production des dépêches de la reine, leur transmission et les réponses qu’elles suscitent mettent en relief les incertitudes et la complexité d’une diplomatie fondée sur la correspondance. Gellard s’attache à tous les détails des processus de négociations à un moment où les conflits religieux qui déchirent la France prennent une dimension internationale. Témoignage et moyen d’action, la lettre assimile la politique à un jeu de pesée de mots, de dissimulation et d’ajustements continus. L’analyse de la correspondance des ambassadeurs français à Londres et à Madrid montre combien ces échanges ménagent aux diplomates des marges de manœuvre et d’expression individuelle. Gellard souligne en outre le rôle de la distance spatiale dans la fréquence et le type de relations que les représentants français à l’étranger entretiennent avec Catherine. Son étude révèle l’habileté diplomatique d’une reine qui s’adapte à la personnalité de ses fils, exploite son rôle maternel, invoque son statut de femme pour promouvoir la paix dans un temps de folie meurtrière, et tente de renforcer le pouvoir royal. Ces interventions sont particulièrement efficaces dans la négociation des projets matrimoniaux des proches de Catherine. Le travail de Gellard sur la seule femme de l’Ancien Régime à occuper une position de pouvoir aussi particulière et durable explore les orientations, les modalités, les relais, la mise en application de la politique extérieure de la France de la seconde moitié du seizième siècle. Un des intérêts de ce livre est en effet de suivre par le biais de la lettre le développement d’une administration centralisée et de pratiques qui forment notre compréhension de la diplomatie. L’approche interdisciplinaire de Gellard et son recours à une combinaison de méthodes sont à cetégard exemplaires. Ce travail minutieux, précis et amplement documenté formera la base des futures enquêtes dans ce domaine. Émettons un regret mineur: le manque d’intérêt de Gellard pour l’aspect littéraire des lettres de Catherine.

Cynthia Skenazi
University of California, Santa Barbara
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