Abstract

Although the decolonisation of Francophone West Africa is regarded as a ‘peaceful’ process, compared with the national liberation wars, it generated many conflicts with the colonial administration, as well as between the various partisan organisations created in the colonies just after the Second World War. Based on the example of French Sudan (present-day Mali), this article analyses the street action of women from working class backgrounds (farmers, ‘housewives’, shopkeepers and traditional midwives or ‘matrones’) and their participation in the political violence of the decade. Investigated from a gender perspective, these women’s participation in violent urban conflicts went against gender stereotypes. Thus, an analysis of how women used the streets enables us to consider in a different light the dichotomies between public/private spaces; political/domestic activities, as these prove to be not very useful for understanding the ways that women became engaged and their progression to collective action. Completely opposite to the maternal and peaceful femininity promoted by the organisations of educated women and by nationalist leaders, the working class women discussed in this article took on roles that were regarded as manly because they were violent and provocative. But should these women’s participation in street violence be interpreted as a transgression, or even a muddling of gender roles? How could the relationship with violence and the representations attached to women’s violence vary according to social class? The political division of activist work was also derived from gender, age and class categories. By giving working class women the tasks of mobilising, recruiting, propagandising and controlling crucial parts of their districts, the political organisations propelled them to the forefront of confrontation. A gendered interpretation of the phenomena of violence in collective action, interconnected with an analysis of the embedding of partisan confrontation in these women’s daily lives, enables us to reconstruct the complexity of the decolonisation process in French Sudan.

Abstract

Bien que la décolonisation de l’Afrique de l’ouest francophone soit considérée comme un processus « pacifique », en opposition aux guerres de libération nationale, elle a généré de nombreux conflits avec l’administration coloniale mais aussi entre les différentes organisations partisanes créées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans les colonies. En partant de l’exemple du Soudan français, actuel Mali, cet article analyse l’action de rue de femmes issues de milieux populaires (paysannes, « ménagères », commerçantes, « matrones ») et leur participation aux violences politiques de cette décennie. Interrogée sous l’angle du genre, la participation de ces femmes à des conflits violents dans l’espace urbain va à l’encontre des stéréotypes sexués. Ainsi, l’analyse des usages féminins de la rue permet d’envisager sous un autre jour les dichotomies entre les espaces publics et privés, les activités politiques et domestiques qui s’avèrent peu opérantes pour comprendre les formes de l’engagement féminin et leur passage à l’action collective. Aux antipodes de la féminité maternelle et pacifique prônée par les organisations de femmes instruites et par les leaders nationalistes, les femmes populaires dont il est ici question investissaient des rôles considérés comme virils car violents et provocants. Pour autant, la part prise par ces femmes dans les violences de rue doit-elle être interprétée comme une transgression, voire un brouillage des rôles de genre ? En quoi le rapport à la violence et les représentations accolées à la violence féminine pouvaient varier selon les classes sociales ? La division politique du travail militant relevait tout autant de catégories de genre, d’âge et de classe. En confiant aux femmes des milieux populaires les tâches de mobilisation, de recrutement, de propagande et de contrôle des points névralgiques de leurs quartiers, les organisations politiques les propulsaient à l’avant-poste de la confrontation. Une lecture sexuée des phénomènes de violence dans l’action collective, articulée à une analyse de l’imbrication des affrontements partisans dans la vie quotidienne de ces femmes, permet de restituer la complexité du processus de décolonisation dans le Soudan français.

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