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Reviewed by:
  • La guerre froide vue d’en bas dir. by Philippe Buton, Olivier Büttner and Michel Hastings
  • Marc Olivier Baruch
Philippe Buton, Olivier Büttner et Michel Hastings (dir.) La guerre froide vue d’en bas Paris, CNRS Éditions, 2014, 382 p.

En 1978, le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, lui-même héritier de la Commission d’histoire de l’Occupation et de la Libération de la France (Cholf), créée au lendemain de la guerre comme service de la présidence du Conseil, disparaissait pour céder la place à l’Institut d’histoire du temps présent (Ihtp), dont le statut est celui d’une unité propre du Cnrs. Fort heureusement, cette évolution ne fit pas disparaître une des spécificités du dispositif de recherche, à savoir son réseau de correspondants départementaux, des fonctionnaires issus pour l’essentiel de l’Éducation nationale (des professeurs ou des responsables de services d’archives) qui lui étaient rattachés depuis l’origine et qui bénéficiaient à cette fin de décharges partielles de service.

Le bilan de ce réseau, qui fut à l’origine des premiers travaux et, souvent, de la constitution [End Page 295] des premiers fonds d’archives sur la Résistance, est considérable, mobilisé qu’il fut, jusqu’aux années 1990, par de grandes enquêtes sur la France et les Français durant l’Occupation. Les commémorations du cinquantenaire virent ainsi paraître des ouvrages nourris pour partie des apports de cet irremplaçable réseau, qui font encore aujourd’hui référence. Ainsi du Régime de Vichy et les Français et des Pouvoirs en France à la Libération ou encore d’autres colloques qui furent consacrés en 1995 à différentes approches du phénomène résistant1.

Les thèmes se sont diversifiés depuis lors, avec la publication d’une synthèse sur les élites locales françaises prises en compte sur une moyenne durée ou, le champ se décentrant vers le quotidien, celle d’un ouvrage consacré à l’expérience et au ressenti de la société française métropolitaine face à la guerre d’Algérie2. C’est dans cette même logique qu’est publié aujourd’hui cet ouvrage sur la manière dont ont été vécues, au quotidien, les années de guerre froide en France.

Comme le veut l’exercice, s’agissant d’un ouvrage dont quatorze des vingt contributeurs sont des correspondants départementaux de l’Ihtp, l’ensemble est diversifié, aussi bien dans la prise en compte des réalités géographiques que par la variété des approches retenues. Le lecteur va ainsi d’une présentation des bulletins paroissiaux diffusés en Mayenne au cours des années 1950 (Alain Olivier) à un décryptage de la lecture par Paris Match des conflits Est-Ouest du début des années 1960 (Joëlle Beurier). Il parcourt le territoire avec une vue cavalière, établie à partir de relevés effectués dans huit départements, et découvre successivement l’impact de la guerre froide sur les toponymies locales (Xavier Desbrosse), les modes d’instrumentalisation politique des processus de jumelage entre communes (William Richier), une lecture diachronique des fêtes tenues chaque année à Orléans en l’honneur de Jeanne d’Arc (Danielle Chevallier) et, enfin, une analyse, à partir de l’exemple de la Haute-Marne, des relations entre population locale et personnel d’une base américaine (Mireille Conia).

D’autres contributions privilégient au contraire comme point d’appui un groupe social, tels les étudiants (Alain Monchablon), ou une figure politique – ainsi du savoureux rappel des amabilités, y compris antisémites, que le Parti communiste français (Pcf) réserva au socialiste Jules Moch (Gilles Morin). Le trans-national n’est pas non plus absent du recueil, qu’il s’agisse de ce point de passage obligé que sont les événements de Hongrie à l’automne 1956 – vus non sous l’angle, bien connu, des ruptures qu’ils provoquent au sein et autour du...

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