In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Samouraï. 1 000 ans d’histoire du Japon by Pierre-François Souyri
  • Karine Berthoux
Pierre-François Souyri Samouraï. 1 000 ans d’histoire du Japon Rennes/Nantes, Pur/Éd. Château des ducs de Bretagne, 2014, 264 p.

Qu’est-ce qu’un samouraï? Voilà la question abordée par Pierre-François Souyri dans ce catalogue d’exposition. Ce guerrier est l’incarnation même du Japon dans l’imaginaire populaire, mais avant d’être un « mythe » (p. 120) contemporain, le bushi est une figure historique au riche passé, bien loin de l’image actuelle. Ce travail retranscrit en sept chapitres l’histoire des samouraïs, des origines à Fukushima. L’ouvrage, qui s’adresse à tous, est régulièrement parsemé d’explications complémentaires, d’extraits de textes d’époque ou encore d’illustrations, ce qui permet au lecteur d’entrer plus profondément dans les méandres de cette histoire. Cette œuvre illustrée se présente comme une introduction nécessaire à la compréhension de cette classe guerrière au fil du temps.

Remontant l’histoire japonaise, ce travail commence par expliquer la naissance des bushi au viiie siècle de notre ère. Face à la perte de pouvoir de l’empereur et de la cour, des propriétés autonomes se forment et l’insécurité commence à régner du fait d’une certaine instabilité sociale. En province, seigneurs et temples se dotent d’une classe guerrière protectrice, « phénomène révélateur des tensions locales » (p. 28). Leurs relations, fondées sur la confiance, seront garanties par la fidélité des petits contre la protection des grands. Grâce à de modestes armées privées, les différents seigneurs vont alors conquérir le pouvoir par la force. Prenant de l’importance, ces organisations, tels les célèbres clans Taira et Minamoto, s’imposent entre le xe et le xiie siècle. Dès cette époque, les guerriers narrent leurs exploits, parlent bravoure et honneur, « ce qui deviendra plus tard une véritable culture » (p. 147). C’est aussi à cette époque que le suicide, symbole de dignité, apparaît sur le champ de bataille.

Avec l’avènement des Minamoto, le pays change de régime et entre dans le Moyen Âge. Les bushi, opportunistes, agissent en quête de victoires et de récompenses. Refusant de risquer leur vie si personne ne les regarde, ils désirent accroître leur territoire, symbole de richesse. Ainsi, « si les petits guerriers du Kantō paraissent déchaînés dans les combats, c’est parce que cela représente pour eux le seul moyen d’une ascension sociale rapide » (p. 71). Mais ce n’est pas tout: au milieu du xiie siècle, les Hōjō prennent le pouvoir notamment grâce à Hōjō Masako, femme de fort caractère mariée au futur shogun, qui devient chef de [End Page 231] famille à sa mort. Cet exemple est représentatif de la montée en puissance des femmes de bushi dans la société, car, comme le montre l’auteur, l’histoire du samouraï est aussi l’histoire des autres. C’est également à cette époque qu’apparaît le premier texte de loi qui codifie les pratiques des samouraïs afin de protéger les privilèges liés à leur patrimoine.

Mais le manque de récompenses lors du conflit qui oppose les Japonais aux envahisseurs mongols suscite de nombreux mécontentements et provoque une crise de la vassalité. Après deux siècles de violence, Ashikaga Takauji prend le pouvoir. Dans ce contexte, les couches guerrières sont instables et des organisations communautaires locales se mettent en place pour protéger la population des bandes de brigands dévastatrices. Pourtant, avec les conflits, « le processus de féodalisation du pays fait un bond en avant » (p. 107) et les bandits victorieux deviennent les vassaux du nouveau shogun. Parallèlement, les guerriers locaux organisent des alliances fondées sur un serment sacré et égalitaire. La classe bushi se transforme: un système de succession indivise se constitue et, militairement, les combats singuliers laissent place aux man...

pdf

Share