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Reviewed by:
  • Global Crisis: War, Climate Change and Catastrophe in the Seventeenth Century by Geoffrey Parker
  • Alain Guery
Geoffrey Parker Global Crisis: War, Climate Change and Catastrophe in the Seventeenth Century New Haven, Yale University Press, 2013, xx- 871 p. et 16 p. de pl.

Geoffrey Parker est un historien reconnu des conflits armés, qu’il aborde selon une approche que ne démentirait pas un historien des Annales, ce dont témoignent ses ouvrages précédents1. Consacré à « la crise du xviie siècle », que les historiens qui associaient autrefois démographie, économie et société dans leurs analyses connaissaient bien pour l’Europe, le présent livre élargit son champ d’observation au niveau mondial en partant de témoignages permettant de faire de toutes les crises locales une « crise globale ». Entre les années 1620 et 1670, de l’Écosse à l’Italie, en passant par l’Angleterre et la France, de la Suède à l’Espagne en passant par l’Allemagne et la Hollande, du Portugal à l’Ukraine en passant par la Bohème, tous les témoignages vont dans le même sens, associant des catastrophes climatiques défavorables pour l’agriculture directement à l’excessive cherté des biens alimentaires, indirectement aux révoltes et aux guerres. Ce discours sur « les jours noirs » qui annoncent « la fin du monde » n’est pas propre à l’Europe mais se retrouve en Inde, en Chine, au Japon, et même dans ces « continents noirs » – peu connus encore des autres civilisations – que sont les Amériques, l’Afrique et l’Australie, pourtant moins affectées par cette « crise globale ».

La crise est donc « globale » parce que mondiale, mais aussi parce qu’elle met en cause les composantes économiques, culturelles, sociales, politiques, qui structurent les civilisations diverses où elle frappe et que partout elle est concomitante de violences. G. Parker place la crise au cœur de ses différents chapitres, où elle sert de leitmotiv à une progression de l’analyse par angles d’attaque. Le lecteur va ainsi de ce qui a permis à cette crise de naître – son « placenta » (p. 1) – jusqu’à son dépassement, l’ouvrage revenant sur les différentes façons qu’ont eu ceux qui l’ont subie de l’endurer, d’y survivre, de l’affronter, bien ou mal à chaque fois, dans ce contexte que les historiens du climat nomment le « petit âge glaciaire », à l’origine d’une crise agricole qui entraîne famines et mortalités et devient générale au xviie siècle. Les lecteurs des ouvrages précédents de l’auteur reconnaîtront sa manière habituelle d’exposer ses arguments, que renforce l’abondance des références en notes, des cartes, des graphiques et des illustrations. Ce type de progression dans les arguments lui permet de mettre en valeur des discordances ou des concordances dans les attitudes face à la crise, les expériences qu’elle provoque et les conséquences qui en résultent.

La description du lien entre les accidents climatiques, principalement des froidures excessives, les mauvaises récoltes qui en découlent et le déclenchement de famines entraînant des mortalités ne surprendra pas les plus anciens des historiens des Annales: c’est celle de « la crise de subsistance », érigée depuis longtemps en modèle de crise des sociétés traditionnelles. Elle est ici reprise comme preuve du diktat de la nature sur la vie humaine dans une société qui ne peut y répondre par un degré de savoir [End Page 215] adéquat. G. Parker la sort donc de l’interprétation liant démographie et économie pour l’intégrer à une thématique environnementale plus adaptée à son propos. En cela, son argumentation est plus conforme à la version augmentée et remaniée en 2009 de L’histoire du climat d’Emmanuel Le Roy Ladurie, à qui hommage est rendu pour ses travaux pionniers en la matière, tout en regrettant qu’il ait sousestimé le rôle des catastrophes climatiques dans ces crises de long terme, une sous-estimation qui ne se trouve que dans la première édition du livre (1967), la seule...

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