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Reviewed by:
  • Medieval Violence: Physical Brutality in Northern France, 1270-1330 by Hannah Skoda
  • Valérie Toureille
Hannah Skoda Medieval Violence: Physical Brutality in Northern France, 1270-1330 Oxford, Oxford University Press, 2013, xiii- 282 p.

Sous un titre un peu général, le livre d’Hannah Skoda entend traiter d’un thème qui a déjà été exploré à plusieurs reprises et aurait mérité à cet égard des analyses plus pointues. Issu d’une thèse, ce travail s’articule autour de six chapitres comme autant de regards portés sur l’une ou l’autre des manifestations de la violence: dans la rue, à la taverne, chez les étudiants, au sein de l’espace domestique, etc. Malheureusement, l’auteure a choisi de n’aborder la question qu’à travers les deux exemples de la ville de Paris et de l’Artois, dans une approche comparatiste dont la pertinence ne se saisit pas d’emblée. En effet, la comparaison ne s’impose pas, ne serait-ce que pour des questions d’échelle, entre la ville-capitale, d’une part, et un éparpillement de petites villes dispersées dans un environnement à dominante rurale, de l’autre. Cette vision, qui prétend rassembler dans la même étude deux espaces profondément dissemblables, se traduit par une perspective artificielle qui apparaît dès la lecture du plan.

H. Skoda ouvre son propos de manière académique par une définition du terme de violence. Au regard de l’historiographie actuelle, qu’elle aborde dans sa deuxième partie de manière partielle, on peut s’interroger sur le bien-fondé de ce préalable méthodologique, qui se veut théorique. Les six chapitres traitent successivement de la grammaire de la violence, de la rue ou de la taverne comme cadre de la violence à Paris et en Artois, de la violence des étudiants à Paris entre le xiiie et le xive siècle et, enfin, des insurrections urbaines et de la violence domestique à Paris et en Artois. Ce choix annonce ses propres limites, car la typologie énumère des items sans pouvoir établir entre eux de véritables liens. D’ailleurs, chacun de ces chapitres se clôt par une conclusion particulière, donnant de l’ensemble le sentiment d’une juxtaposition de constats.

Sans doute ne peut-il en être autrement lorsque l’on cherche à établir un rapport entre la violence des étudiants, la violence domestique, les « commotions » urbaines et le carnaval. Les spécialistes de ces manifestations du désordre savent qu’on ne peut les traiter comme si elles procédaient d’un même ensemble. En voulant les regrouper sous une même logique, l’auteure ne peut dès lors éviter le risque d’une conceptualisation trop théorique, qui rend la lecture de l’analyse difficile, voire parfois hermétique. Au-delà, le titre ambitieux, qui prétend saisir tous les aspects de la violence physique dans le Nord du royaume de France à l’époque médiévale, ne correspond pas de fait au contenu de l’ouvrage, qui ne traite que de deux exemples régionaux sur une seule période de soixante ans.

L’idée directrice selon laquelle le Moyen Âge ne serait pas cette période de violence extrême à laquelle le grand public fait parfois référence n’est plus guère attendue aujourd’hui dans une thèse universitaire. De même, la conception d’une violence physique dont le traitement serait instrumentalisé par les pouvoirs politiques apparaît à la fois éculée et contestable. S’il ne fait aucun doute que le traitement du crime est un révélateur des codes de valeur propres à une société à une période donnée, le rappeler ne revêt aucun caractère novateur. Ce travail témoigne de lacunes bibliographiques qui auraient sans doute évité à l’auteure de revenir sur des évidences ou d’ignorer des travaux susceptibles d’enrichir son propos. S’agissant d’un terrain de recherche [End Page 201] centré sur la France du Nord, H. Skoda aurait dû, pour le moins, prendre appui sur les dernières études publiées, à partir...

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