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Reviewed by:
  • Santé et travail à la mine, XIXe-XXIe siècle dir. by Judith Rainhorn
  • Guy Gaudreau
Judith Rainhorn, dir., Santé et travail à la mine, xixe-xxie siècle, Villeneuve-d’Ascq, France : Presses de Septentrion, 2014.

Historienne de l’Université de Valenciennes et du Hainault-Cambrésis, Judith Rainhorn nous offre un second ouvrage sur ce thème peu défriché de l’histoire du travail, soit celui de la santé et des maladies industrielles dans le monde minier. Après avoir dirigé, en 2013, avec Lars Bluma du musée allemand de la mine de Bochum, un numéro spécial de l’European Review of History- Revue européenne d’histoire intitulé History of the Workplace : Environment and Health at Stake qui portait essentiellement sur l’Allemagne et la France, elle récidive avec un autre ouvrage collectif, en français celui-là.

Son sujet doctoral, soutenu avec succès à l’université de Tours en 2001, traitait d’un sujet qui ne laissait en rien présager ce champ de l’histoire minière qu’elle défriche depuis 2007, puisqu’elle y comparait les migrants italiens installés à New York et à Paris (voir sa thèse publiée sous le titre Paris, New York : des migrants italiens, années 1880-années 1930). S’il y a eu rupture dans ses champs de recherche, elle a toutefois conservé ce goût d’examiner le même objet dans différents lieux puisque cet ouvrage des Presses du Septentrion aligne onze articles de fond abordant sous divers aspects cette question sanitaire dans plus de treize pays, soit la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Écosse, la Grande-Bretagne, le Chili, les États-Unis, la Chine, le Japon, le Gabon, l’Afrique du Sud et Madagascar. Comme l’ensemble se présente dans la langue de Molière, il a fallu traduire — et cela n’est pas sans mérite—la moitié des articles nous donnant ainsi accès à certaines recherches difficilement accessibles autrement. De plus, les articles sont tous émaillés de belles notes de bas de page qui sont autant d’invitation à d’autres lectures.

Deux écrits introductifs permettent au lecteur de trouver un fil d’Ariane à ces recherches nécessairement hétérogènes. Tout d’abord la préface de Paul-André Rosenthal rappelle avec justesse que «l’histoire de la santé des mineurs est une histoire proprement et authentiquement mondiale» (11). L’importance d’étudier la maladie et l’accident en tant que condition de tous les mineurs est ainsi soulignée avec force, malgré les longs silences des travailleurs eux-mêmes et des syndicats. Dans son texte de présentation, Rainhorn—qui signe également un article de fond sur les mines de cuivre de l’Arizona—, nous invite à examiner «Les maux de la mine» qui doivent être perçus comme un défi contemporain. En effet, la mine peut paraître appartenir largement au passé dans certaines régions du monde, elle n’en demeure pas moins bien actuelle dans les pays émergents qui ont soif de charbon et de minerai. Par ailleurs, n’oublions pas qu’en Europe, sans doute plus qu’ici, le mineur de fond demeure «la figure emblématique du héros prolétarien» (25). On trouvera également, dans son bref tour d’horizon historiographique de l’histoire minière française, quelques classiques dont la lecture permettra d’enrichir et d’harmoniser le vocabulaire minier des historiens du Canada français.

De l’aveu même de Rainhorn, l’objectif de fournir des perspectives comparatives les plus variées possible est resté encore perfectible puisqu’elle n’est pas parvenue à susciter des collaborations d’historiens œuvrant dans trois autres [End Page 319] zones minières, soit les Appalaches américaines et canadiennes, la Russie et l’Afrique centrale (21). Pour peu qu’on accepte que les Appalaches et l’Arizona puissent illustrer l’histoire minière nordaméricaine, cette liste serait peut-être plus complète si on incluait l’Australie.

Les onze textes offerts, qu’il est impossible d’aborder dans le cadre d’un bref compte rendu...

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