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  • La « rébellion de 1837 » à travers le prisme du Montreal Herald. La refondation par les armes des institutions politiques canadiennes by François Deschamps
  • Louis-Georges Harvey
François Deschamps, La « rébellion de 1837 » à travers le prisme du Montreal Herald. La refondation par les armes des institutions politiques canadiennes, Québec: Presses de l’Université Laval, 2015.

Dans La « rébellion de 1837 » à travers le prisme du Montreal Herald, François Deschamps entreprend de reconstituer la ligne éditoriale du journal tory pour la période entre 1835 et 1840. Deschamps insiste sur la complexité de la situation politique dans la province et surtout à Montréal au moment du recours aux armes à l’automne de 1837. Selon l’auteur, les évènements de 1837 ne sauraient se résumer à une simple « rébellion » fomentée par des Patriotes radicaux contre le gouvernement colonial. Deschamps propose que dans les années et les mois qui précèdent la prise d’armes, Montréal aurait été au centre d’une lutte tripartite impliquant Patriotes, Tories et Loyaux canadiens.

Dans un premier chapitre, l’auteur résume les principales positions de la Constitutional Association of Montreal (cam) en analysant ses manifestes, rapports, assemblées et discours. Fondée en 1834, l’association oppose un refus catégorique à la principale revendication constitutionnelle des Patriotes, soit la création d’un Conseil législatif électif. La cam reconnait que cette réforme aurait l’effet de consolider la mainmise de la majorité canadienne sur les institutions législatives du pays et ses dirigeants y voient une menace aux intérêts de la population anglo-saxonne. Devant l’impasse politique, ses éléments plus radicaux dénoncent les politiques de conciliation adoptées par le gouvernement impérial et préconisent le recours à une union législative des deux provinces afin de diminuer l’influence de la députation canadienne-française. Les tensions entre les éléments dits «libéraux» de la cam et les éléments moins progressistes associés aux Tories provoquent un schisme en 1836 qui se serait développé autour des acquis de l’Église anglicane. La défection de la plupart de ses membres affaiblit le poids politique de l’association, mais elle permet à une faction ultra-tory de contrôler le comité exécutif. Dans les manifestes subséquents, la position des radicaux se révèle dans un souci constant pour la sécurité publique à Montréal et particulièrement pour celle de la population britannique que le gouvernement négligerait de protéger. Les radicaux rejettent les tentatives de former une force policière « neutre » dans laquelle les Canadiens loyaux joueraient un rôle important. Ils prônent plutôt la création de corps paramilitaires voués à protéger la population britannique de la ville. Il s’agit ici de la British rifle club, de la Légion [End Page 265] britannique et enfin du notoire Doric Club.

Dans une analyse fine des textes éditoriaux et des lettres des lecteurs publiés dans le Herald, Deschamps déballe l’argumentaire de la faction ultra-tory et montre que l’appui « spontané » que le peuple loyal aurait manifesté dans sa défense de Montréal avait été soigneusement préparé par ses rédacteurs. D’une part, le journal revient constamment sur l’idée que la population anglo-saxonne ne saurait se soumettre à la création d’un état canadien-français sur ce territoire gagné à l’Empire par les armes britanniques. Les rédacteurs du journal dénoncent constamment les activités de la « clique » canadienne-française qui contrôle la législature et de son chef Louis-Joseph Papineau. Ils ridiculisent aussi les prétentions du peuple canadien à l’autodétermination, invoquant l’ignorance relative des paysans et la condition arriérée du pays comme justification à l’imposition de la société supérieure que représentait la civilisation britannique. Par contre, si les tensions ethnoculturelles demeurent à la base du discours ultra-tory tel qu’il est représenté dans le Herald, il se démarque également par une dénonciation soutenue de la « politique de...

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